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Jeannot en Afrique - Coups de feu dans la nuit

Histoire vraie

Les semaines ont passé. Maintenant Jeannot est infirmier dans un poste militaire situé sur un piton rocheux. C’est une région montagneuse, sauvage et rocailleuse.

Vite, Jeannot ! viens vite ! il y a un blessé !
L’infirmier est hélas habitué à ce genre d’appel. Rapidement il s’équipe, prend la trousse de premiers secours et, dans le dos, le poste émetteur-récepteur. Il est prêt. Alors hop ! Il dégringole une pente escarpée... Essoufflé, il arrive bientôt près du blessé. C’est grave. Le sang coule par saccades. Une balle a sectionné l’artère de la cuisse. Ce n’est pas le moment d’hésiter. Chaque minute qui passe peut être fatale. Vite, l’infirmier serre un garrot autour de la cuisse. Bientôt l’hémorragie est stoppée. Mais rien n’est réparé, pour autant. Il faudrait extraire la balle et fermer la blessure. Le temps presse car le garrot ne doit pas rester serré trop longtemps. L’opération est urgente. Vite Jeannot lance un appel-radio:
— Allô, allô ! Base 5 appelle centrale sanitaire, répondez... attention message... blessé grave à évacuer immédiatement pour opération...
répétez... juste ! j’attends... terminé !

Coups de feu dans la nuit - Jeannot en Afrique

Quelques minutes plus tard, un hélicoptère décrit des cercles au-dessus du secteur d’où l’appel est parti. Jeannot agite un grand fanion pour signaler sa position. L’hélicoptère vire encore, puis s’abaisse et se pose. Bientôt le blessé sera soigné à l’hôpital militaire de la région.

Un matin, le capitaine convoque notre ami:
Les indigènes des villages voisins ont besoin de nous. Certains sont dans la misère. Tu es l’homme qu’il me faut pour leur apporter du secours. Approche-toi de ces gens, soigne les malades, montre-leur que nous désirons leur bien !
— A vos ordres, mon capitaine ! Mais... il y a le problème de la langue ! Comment faire pour qu’ils me comprennent ?
— J’y ai pensé. Un interprète t’accompagnera !
Quelle mission ! Jeannot va s’y donner à fond, malgré la chaleur et la fatigue.
Un soir il écrit à ses parents: «Nous sommes allés dans un village frappé par une épidémie de typhus. Avant de pouvoir donner des soins, je me suis mis à laver les enfants. Je suis content de pouvoir être utile aux indigènes. Ces temps j’ai eu la curiosité de compter mes heures de sommeil vingt-quatre en sept jours ! Heureusement que ça n’a pas duré ! Dernièrement il y a eu de nouveau plusieurs alarmes et quelques combats sérieux. J’ai du travail avec les blessés ! Nous sommes constamment en état d’alerte. Mais Dieu veille sur moi.»

Un vendredi soir, le camp militaire s’endort, perché sur son piton rocailleux. Jeannot n’est pas couché. Il est de garde, cette nuit. La consigne est précise: grande vigilance jusqu’à la prochaine relève à minuit.
Avant de gagner son poste, une fois encore Jeannot a relu dans sa Bible: «Celui qui te garde ne sommeillera pas. L’Éternel est celui qui te garde.» (Psaume 121.4)
Derrière les barbelés, la brise des montagnes fait un bruissement lugubre dans le feuillage de quelques chênes-verts rabougris. Parfois un léger craquement de branches fait sursauter Jeannot dont le regard fouille avec peine les taches sombres des buissons accrochés à cette terre désolée...
22 heures 25 ! C’est le moment d’éteindre les lumières du camp ! Jeannot se rend au local des installations électriques. On distingue son ombre, surtout quand il passe devant les murs clairs des baraquements. Il ouvre une porte... éclaire un instant la pièce dans laquelle il va tourner l’interrupteur général du camp. Sa silhouette
se découpe dans l’encadrement de la porte. Tout à coup... ta-ta-ta-ta... ta-ta ! Une rafale de mitraillette vient de partir des buissons.
Jeannot se plaque au sol. Ta-ta... ta-ta-ta-ta-ta ! Les balles d’une deuxième rafale sifflent tout près de notre ami Dans la profondeur de la nuit, quelques éperons rocheux répètent les détonations, puis tout redevient silencieux. Craignant une riposte immédiate, l’assaillant s’est vite replié.
Brusquement tirés de leur sommeil, les soldats empoignent leurs armes. Ils se précipitent vers la centrale électrique, certains d’y trouver Jeannot inerte, sans vie, criblé de balles.
Mais non ! ils le voient debout, venant à leur rencontre. Leur camarade est pâle, certes, mais n’a pas une blessure !
Dès qu’il fait jour, on interroge le mur de la centrale électrique. Les traces de balles sont là. On reconstitue les faits. A nouveau, Jeannot ouvre la porte, comme pour aller tourner l’interrupteur. Pas de doute ! la rafale a passé à vingt centimètres de sa tête.
— Quelle chance tu as eue, Jeannot !
Oui... pour vous, c’est peut-être de la chance. Pour moi, c’est autre chose cette nuit, Celui qui me gardait ne sommeillait pas !

Texte: Samuel Grandjean
Illustrations: Hélène Grandjean & Ariste Mosimann

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