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L'interrogatoire

Genovieva 26e épisode

Quand Delia quitte la maison, il pèse lourd sur son dos, son sac d'école. Ce n'est pas que la fillette n'aime pas apprendre. Au contraire. Elle est très bonne élève. Mais depuis l'autre soir, elle a peur. Après ce qui s'est passé... y aura-t-il des suites? Malgré ses craintes, Delia se dépêche. Il ne faut surtout pas qu'elle arrive en retard à l'école. On lui ferait encore des ennuis...
– Seigneur Jésus, s'il te plaît, aide-moi! répète-t-elle le long du chemin.

Maintenant, elle aperçoit le bâtiment scolaire. Avant d'en franchir les portes, Delia vérifie encore une fois sa tenue.
Vite, elle arrange le ruban qu'elle porte sur la tête. Instinctivement, ses doigts contrôlent la présence du numéro fixé à la manche de son uniforme. Il est là. Tout est bien. Le foulard rouge aussi, qui entoure son cou. Sa tenue est correcte, conforme au règlement. Delia n'a pas à craindre une réprimande.

Deux maîtres sont postés à la porte. Au passage, ils inspectent chaque écolier: le numéro, le foulard, le ruban des filles... Le contrôle est passé. Delia se dirige vers sa classe qui compte trente élèves.

La cloche sonne. En silence, debout à leur pupitre, les enfants guettent l'arrivée de la maîtresse. La voilà! Mais ce matin... il y a une surprise!
L'institutrice est accompagnée du directeur. Cet homme, chacun le craint. Un autre maître entre à son tour, suivi d'un policier qui impressionne, avec ses bottes, et le revolver qu'il porte au ceinturon. Les enfants sont inquiets. Pourquoi ces gens viennent-ils?

Au signal de la maîtresse, chacun s'assied, les mains derrière le dos. Secrètement, Delia prie:
– Seigneur Jésus, aide-moi!
Soudain, la fillette sursaute, comme tirée d'un rêve. Son nom! Mais oui, elle vient d'entendre son nom: "Ionescu Delia", prononcé par le directeur. Déjà tous les regards sont sur elle.
– Camarade Ionescu! Viens ici! Très pâle, Delia s'avance dans le couloir.
– Qu'as-tu fait vendredi? demande sèchement le directeur. Où es-tu allée? Réponds!
Tous les élèves sont figés de stupeur. On entendrait une mouche voler!

Bouleversée, baissant la tête, l'enfant reste silencieuse... Elle ne peut même pas remuer les lèvres. Elle tremble de peur.

Comme un éclair, tout repasse dans sa tête. C'est vrai: vendredi soir, avec deux camarades qu'elle avait invitées, elle est allée chez son moniteur d'école du dimanche. On leur a montré des diapositives. On leur a raconté une histoire de Jésus. Soudain, la porte s'est brusquement ouverte. C'était la police! Elle a tout confisqué: les clichés et le projecteur. Mais le pire: elle a pris tous les noms de ceux qui étaient là!
Depuis lors, Delia est dans la crainte, surtout à l'école.

Maintenant... paralysée de peur, la tête toujours baissée, elle entend les pas du directeur qui va de long en large, devant tous les élèves, effrayés eux aussi.

A présent, c'est le policier qui prend la parole:
– Votre camarade Ionescu est chrétienne! Elle fait partie de cette bande qui ne respecte ni les lois de l'Etat, ni celles du Parti. Ce sont des paresseux, des gens dangereux! Ils essaient toujours d'influencer les autres. Vous ne devez pas les écouter. Ne les suivez jamais où ils vont. Sinon, vous aurez affaire à moi! Compris?

C'est maintenant la voix du directeur qui se fait entendre:
– Qui as-tu emmené avec toi l'autre soir, camarade Ionescu? Allons, réponds-moi!

Mais, blanche comme une feuille de papier, Delia garde le silence. Alors le directeur saisit l'enfant par les cheveux, et la secoue furieusement, plusieurs fois. Puis, d'un geste brusque, il la repousse avec rudesse.
La fillette tombe lourdement sur le sol. Elle ne bouge plus...

En claquant la porte, le directeur, le gendarme et l'autre maître quittent la classe. Les trente élèves ont la gorge serrée en voyant leur camarade toute pâle, les yeux fermés, inerte. Elle est évanouie.
– Ana et Raluca! dit alors la maîtresse, aidez-moi. Nous allons la coucher sur ce banc. Et toi, Vali, va me chercher un verre d'eau!
Le liquide froid est répandu sur le visage de l'enfant. Au bout d'un moment, Delia reprend connaissance.

Elle est toute surprise de voir ses camarades en cercle autour d'elle. Tous, ils paraissent épouvantés. Mais à présent, paisible, l'enfant reprend des couleurs. Un sourire vient même éclairer son visage.
– Vous savez, dit Delia, j'ai rêvé que le Seigneur Jésus était là, dans la classe, et qu'il me donnait une guirlande de fleurs. Il était si beau... et il me souriait!
Embarrassés, les élèves et la maîtresse ne savent que dire. Tous sont tristes, après ce qui s'est passé. Un seul enfant a le sourire: c'est Delia!

Ce récit est authentique. Ces choses sont arrivées, il y a quelques années. Delia faisait partie d'une chorale d'enfants, née dans une autre ville roumaine, après le passage du choeur de Sion, formé par Genovieva. Chanter pour Dieu pouvait coûter cher, en Roumanie, même pour un enfant. Mais le Seigneur Jésus a promis d'être avec les siens tous les jours, jusqu'à la fin du monde. Cette promesse, il l'a tenue aussi pour une petite Delia, seule chrétienne de sa classe.

Quel exemple Delia nous donne. Ne trouvez-vous pas, vous qui lisez ces lignes? N'ayons pas honte de croire à la Bible. N'ayons pas peur de quelques petites moqueries. Jésus-Christ n'a pas eu honte d'être mis sur la croix pour nous. Croyons en lui, vivons pour lui. C'est ainsi que nous deviendrons des chrétiens courageux, et que nous pourrons être utiles à ceux qui nous entourent.

Texte: Samuel Grandjean


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