Un étrange cadeau
Genovieva 4e épisode
- Oh, non, Genovieva! proteste le petit Teodor. Tu t'en vas de nouveau? Mais on voulait faire des jeux avec toi. Tu sais… je me cache sous le lit, et vous me cherchez partout. Ou bien la bataille des coussins… | Il faut tout balayer. Puis je mettrai des fleurs… |
Après avoir embrassé son petit frère, déjà Genovieva s'éloigne à grandes enjambées. Elle en a pour vingt-cinq minutes de marche. Comme en semaine, elle porte l'uniforme de l'école. C'est une sorte de fourreau bleu. Sur la manche gauche est épinglée une languette de tissu. Deux numéros y ressortent en jaune vif. Le premier correspond à l'école. Le deuxième est celui de Genovieva. Quand il sort de la maison, chaque écolier est tenu de porter ce signe distinctif sur sa manche. Et s'il enfile un manteau, c'est à la manche de ce vêtement qu'on fixe la languette d'identité.
Ce dimanche matin, à l'église le père de famille dirigera le chœur. A l'école, Genovieva suivra des débats qui ne l'intéressent guère. A la maison, les deux petits frères attendront en compagnie de leur grande sœur Aurora.
Et Dionisie, le frère aîné? Il est assez grand pour aller à l'église avec ses parents.
Pendant que le temps passe, quelque part dans cette grande Roumanie la porte d'une prison s'est ouverte pour accueillir un homme. Puis elle s'est refermée…
Le nouveau détenu est introduit dans une cellule où quelques chrétiens sont enfermée. Leur crime? Ils ont prêché l'Evangile!
En regardant avec attention ce nouvel arrivant, certains le reconnaissent. Pas de doute. C'est un ancien officier de police. Plusieurs croyants ont été arrêtés et interrogés par cet homme.
-Qu'avez-vous fait pour vous retrouver ici? lui demandent-ils bientôt.
Alors le nouveau prisonnier se met à raconter:
- Il n'y a pas très longtemps, un jeune garçon de douze ans est entré dans mon bureau. Il avait une fleur à la main. J'étais surpris de le voir. Je lui ai donc demandé pour quelle raison il venait. "Aujourd'hui, c'est l'anniversaire à ma mère!" m'a-t-il répondu, "et je l'aime beaucoup. Chaque année, je lui offre une fleur comme cadeau. Mais…" Il a eu une hésitation. Puis il a poursuivi: "Mais vous avez arrêté papa et maman, parce qu'ils sont chrétiens, et vous les avez emmenés. Maintenant, je n'ai personne à qui offrir cette fleur. Alors… donnez-la à votre femme! Dites-lui que je vous aime quand même, et parlez-lui de Jésus-Christ!" Et le jeune garçon m'a tendu la fleur. Moi, j'ai été remué jusqu'au fond du cœur. Les larmes aux yeux, j'ai serré ce garçon dans mes bras, et je lui ai promis que je ne persécuterai plus jamais des chrétiens. Depuis ce jour-là, je me suis tourné vers Dieu. J'ai refusé d'arrêter et d'interroger les croyants. Alors, j'ai été moi-même arrêté, et condamné comme chrétien!
Ayant entendu cela, ces prisonniers remercient le Seigneur d'avoir touché et sauvé une personne de plus, et d'avoir employé pour cela un garçon de douze ans privé de ses parents.
Dans la Bible on peut lire: "Souvenez-vous des prisonniers, comme si vous étiez aussi prisonniers !". (Hébreux, chap. 13, verset 3.)
Texte: Samuel Grandjean