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6. Jean Calvin

Le Mur des Réformateurs, érigé au début du XXe siècle à Genève, rend hommage à une vingtaine de personnages importants ayant marqué le mouvement de la Réforme. Nous nous proposons d'en présenter brièvement quelques-uns par une série d'articles tirés de la revue Bible Info, de la Société Biblique de Genève.

Jean Calvin

Si l'on connaît la ville de Genève sous le nom de «la cité de Calvin», c'est pourtant en Picardie que Jean Cauvin, qui allait devenir le grand réformateur que l'on sait sous le nom de Jean Calvin, a vu le jour dans une famille aisée, le 10 juillet 1509.

Il fait des études soignées et, à Paris, s'intéresse à la philosophie. II vient prêcher à Noyon, sa ville natale, mais son père le pousse à étudier plutôt le droit. Son savoir fait l'admiration des autres étudiants et des professeurs.

Après la mort de son père, excommunié, en 1531, Calvin repart pour Paris et écrit son Commentaire sur le livre de Sénèque touchant la vertu de la clémence. C'est alors qu'il prend la résolution de se consacrer entièrement à Dieu. Au collège Montaigu, il se lie d'amitié avec plusieurs adeptes des idées de la Réforme. Mais on ne sait quand, exactement, il est touché par la vérité de l'Evangile et du salut par grâce, et rejette l'enseignement de l'église romaine. A la suite d'une émeute provoquée par un sermon de son ami Nicolas Cop, qui doit s'enfuir à Bâle, Calvin est menacé et se réfugie à Saintonge, chez un jeune homme riche. Ce dernier lui demande de rédiger quelques sermons, lus par certains des curés de l'endroit, afin de donner au peuple le goût de la vraie et pure connaissance de son salut par Jésus-Christ.
Recherché par les autorités, Calvin décide de quitter la France en compagnie de son ami de Saintonge. En chemin, un de leurs deux serviteurs leur dérobe tout leur argent et un cheval. C'est donc totalement démunis qu'ils arrivent à Bâle.

Il écrit son Institution de la religion chrétienne, qui va devenir la somme de la foi réformée, à l'intention de François 1er qui, toutefois, n'en aura pas connaissance. De Bâle, Calvin se rend en Italie, revient à Bâle, puis part pour Paris afin de mettre de l'ordre dans ses affaires. Il veut d'abord rallier Strasbourg et doit emprunter pour cela des chemins détournés qui le mènent à... Genève.

Cette ville a depuis peu accepté la cause de l'Evangile, grâce à deux serviteurs de Dieu, Guillaume Farel et Pierre Viret. Pressé par eux, Calvin accepte, après bien des hésitations, de rester à Genève pour y enseigner la théologie. Il est combattu, entre autres par les anabaptistes, et calomnié par un apostat, le professeur parisien Pierre Caroli, mais toutes les attaques ne font que renforcer sa foi.

Un an plus tard, plusieurs séditions surviennent à Genève. La majorité du Conseil n'est plus du côté de la justice et il ordonne aux ministres de l'Evangile de quitter la ville dans les trois jours en raison de leur refus d'administrer la Cène à certains. Il est vrai que Calvin s'oppose à ce qu'on reçoive à la Table du Seigneur ceux dont on ne sait pas s'ils ont renoncé à l'idolâtrie et aux «superstitions papistes».

Peu après Pâques 1538, Calvin est accueilli à Strasbourg, où il fonde une église dans laquelle il établit la discipline ecclésiastique. Il y enseigne aussi la théologie. L'année suivante, il complète son ouvrage «Institution chrétienne», écrit son «Commentaire sur l'épître aux Romains» et le fascicule «La Cène du Seigneur».

Le 13 septembre 1541, c'est le retour définitif à Genève. Ses ennemis ont disparu, la ville l'a rappelé et Strasbourg a accepté, à regret, de le laisser partir.

Quand il remonte en chaire à la cathédrale Saint-Pierre, devant une foule immense, il ne blâme personne et continue l'explication de la Bible là où il l'avait laissée. S'appesantir sur le passé est, pour lui, une faute, il faut aller de l'avant, prêcher, fonder la communauté sur la Parole de Dieu. Viret le seconde durant deux ans, et Farel lui est accordé par Neuchâtel pour quatre semaines. Les trois amis forment le fameux «Trépied» que nous avons déjà évoqué dans l'article précédent.

Une société nouvelle se dessine, dont la base doit être la famille selon la Parole. Calvin, que l'on présente aujourd'hui comme austère et tyrannique, était pourtant d'un caractère jovial et doux. Il est le premier à présenter la sexualité sous son jour le plus vrai. Dans son «Commentaire sur le Pentateuque», il écrit que Dieu a créé l'homme mâle et femelle, ce qui fonde, à ses yeux, l'égalité entre eux. Le mariage est un remède nécessaire qui restitue au sexe sa pureté d'origine. Ses convictions sur les droits de la femme sont révolutionnaires. Il révolutionne aussi l'éducation. Chaque enfant a droit à l'accès à la culture. Dans le collège installé dans le couvent désaffecté de Rive, on enseigne le latin, le grec, le français et un peu d'hébreu, mais aussi les belles-lettres, la musique. Ce système pédagogique est le plus progressiste de son temps. Le collège est transféré à Saint-Antoine et un recteur hors pair est trouvé en la personne de Théodore de Bèze. Le rayonnement de l'établissement est grand, on s'en inspire à Nîmes, Heidelberg, Bâle, les professeurs sont parmi les plus prestigieux du moment, et les élèves y viennent de partout. Ils seront environ 2000 en 1566.

Ainsi, Genève forme-t-elle ses pasteurs, ses magistrats, ses citoyens. Calvin applique également les préceptes bibliques dans le domaine social en fondant notamment l'Hôpital général, où chacun peut être soigné. Il est le grand maître de la charité vivante et éclairée. Il fait aussi de nombreux efforts afin de ménager des rapports justes et harmonieux entre le politique et le spirituel, mais c'est là, souvent, sujets de tensions.

Durant son ministère, Calvin échappe à un complot ourdit par certains hommes d'affaires qui mènent une vie débauchée et n'acceptent pas que, pour cette raison, on leur refuse de participer à la Cène. Il doit encore lutter contre des contradicteurs pernicieux, dont Michel Servet, Jérôme Bolsec, François Baldouin entre autres.

Epuisé par le travail et gravement atteint dans sa santé, il est contraint de garder le lit, mais continue à parachever les textes qu'il a écrits et à s'occuper de l'Eglise.

Le 25 avril 1564, Jean Calvin rédige son testament, le lendemain il reçoit ses amis, assiste peu après à la nomination de son successeur, puis s'éteint le 24 mai.

Son oeuvre littéraire est énorme et on lui connaît 4200 lettres. Il a contribué de manière importante au renom international de Genève et Théodore de Bèze note à son propos: «La plus grande lumière qui fut en ce monde pour la direction de l'Eglise de Dieu fut enlevée au Ciel.»

Calvin ne verra pas tout le développement de la Réforme, dont les idées sont répandues à travers l'Europe par des marchands ambulants, mais il aura grandement contribué à leur diffusion.

René Neuenschwander
Source de la documentation: "La Réforme, vous connaissez?" de Gabriel Mützenberg

 

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