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7. Théodore de Bèze

Le Mur des Réformateurs, érigé au début du XXe siècle à Genève, rend hommage à une vingtaine de personnages importants ayant marqué le mouvement de la Réforme. Nous nous proposons d'en présenter brièvement quelques-uns par une série d'articles tirés de la revue Bible Info, de la Société Biblique de Genève.

Théodore de Bèze

Sa notoriété est certainement au-dessous du rôle qu'il a joué dans le mouvement de la Réforme. Il fut un ambassadeur hors pair de la théologie réformée, chef incontesté et symbole de la réforme huguenote, ami et digne successeur de Calvin, reçu et influent dans les cours de France, de Navarre et d'Europe. Mais on le voit aussi poète, écrivain, polémiste et pamphlétaire virulent envers ses contradicteurs,

Il naît dans une riche et noble famille de Vézelay. Enfant maladif et chétif, très jeune il perd sa mère, et son père l'envoie chez un oncle à Paris, qui le fait soigner et s'en occupe avec tendresse. Il lui trouve un précepteur, mais bientôt l'élève, qui a l'esprit vif et une grande intelligence, en sait autant que le maître. A 9 ans, Théodore est confié à un certain Melchior Wolmar, à Orléans. Bèze écrira plus tard que la rencontre avec cet homme fut comme «le jour de sa seconde naissance».

Wolmar, qui est une figure des plus intéressantes de la pré-Réforme, a une influence morale et religieuse capitale sur le garçon qui, en 1530, suit son maître à Bourges, où les réformés sont bienvenus, et y rencontre furtivement Calvin, de dix ans son aîné. Cinq ans plus tard, Wolmar part pour l'Allemagne afin d'échapper aux persécutions et le père de Théodore exige que son fils poursuive ses études de droit à Orléans. L'adolescent abandonne peu à peu la littérature que lui a remise son maître. Une parenthèse de treize ans s'ouvre alors dans la vie du jeune homme. Elle ne se fermera que lors de son arrivée à Genève, en 1548.

Le droit le rebute, pourtant il gravit les échelons de la carrière académique et devient procureur de la nation bourguignonne, il est licencié en droit à 23 ans. Mais ses passions sont la poésie et les plaisirs. Il peut s'y adonner à Paris grâce à ses confortables revenus. Il compose et publie des épigrammes, des élégies, des épitaphes et un recueil de poèmes, dont les trop fameux Juvenilia, qualifiés de poèmes des péchés de jeunesse.

Dieu vient alors le chercher par le moyen d'une grave maladie dont il le console ensuite. Il écrit: «Je renouvelai ma promesse de Le servir dans sa vraie Eglise.» Il rompt avec ses parents, ses amis, et, avec Claudine Denosse, qui deviendra sa femme, il s'exile à Genève.

Il a été condamné au bûcher, ses biens ont été confisqués, il doit travailler et propose ses services à Calvin qui hésite à les accepter. Il veut alors aller retrouver Wolmar à Tübingen et s'arrête à Lausanne où il rencontre Viret. Ce dernier le recommande à Calvin, mais cette fois, c'est Bèze qui pense ne pas être à la hauteur de la tâche! Il est nommé professeur de grec à l'Académie de Lausanne, avec l'accord de Berne, et est félicité par Farel.

En 1557, il part en mission à Berne, Zurich et Bâle, puis en Allemagne, afin de convaincre ces Etats d'intervenir auprès de Henri II en faveur des Vaudois du Piémont, puis des réformés emprisonnés à Paris. Ses qualités de diplomate font merveille. Par contre, il échouera plus tard dans sa mission de réconcilier luthériens et calvinistes qui ont un grave différend concernant la cène et la prédestination. A cette occasion, il se fâche avec Bullinger, qui lui reproche une initiative qu'il a prise seul, à propos d'un projet de confession de foi. Les deux hommes se réconcilieront plus tard.

Sous la pression de ces Messieurs de Berne, Bèze démissionne de son poste à Lausanne en 1558. Il part pour Genève, où son ascension dans la hiérarchie protestante est fulgurante, avec à son apogée sa nomination en tant que recteur de la nouvelle académie fondée par Calvin.

En France, après la mort d'Henri II, les Guise ordonnent des persécutions contre les protestants. Bèze est envoyé en mission de médiation entre catholiques et huguenots à Poissy, à Dreux, à Saint-Germain, où il obtiendra de Catherine de Médicis la liberté de conscience et de culte pour ses sujets. Partout, ses prêches soulèvent l'enthousiasme, tout comme ses écrits, vendus librement dans les rues. La reine, Jeanne d'Albret, Coligny, Condé demandent à Genève de presser Bèze de rester en France, malgré son désir de retourner auprès de Calvin. Il finit par accepter, mais bientôt, Catherine, versatile, opportuniste et jouant double jeu, met en péril tout le travail de Bèze en exigeant des protestants qu'ils rendent toutes les églises qu'ils se sont appropriés.

Fin décembre 1561, des troubles sont provoqués par les catholiques, alors que Bèze et Jean Malet prêchent aux portes de Paris. La guerre civile menace, et la reine demande l'aide armée des protestants. Plus de 2000 communautés répondent favorablement. La famille royale est acquise par Bèze à la Réforme - et pourtant Charles IX laissera faire la Saint-Barthélemy - et l'Edit de Janvier est signé, qui accorde aux protestants la liberté de culte, hors des murs des villes toutefois. C'est un triomphe pour Bèze, mais de courte durée, car, le 28 février 1562, le duc de Guise fait massacrer 80 protestants à Wassy. Malgré les pressantes interventions du réformateur auprès de la reine et de Charles IX, malgré l'acceptation de compromis, la guerre civile est commencée. Succession de victoires et de défaites des deux camps, elle ensanglantera le pays durant 30 ans. S'estimant inutile en France, Bèze rentre à Genève le 15 mai 1563.

A la mort de Calvin, il est élu Modérateur de l'Eglise de Genève par la Compagnie des pasteurs, mais, à sa demande, pour un an, une nouvelle élection devant avoir lieu ensuite chaque année. Il veut ainsi qu'un seul homme ne puisse pas prendre une trop grande importance et aussi responsabiliser les pasteurs. Il occupera cette fonction jusqu'en 1580, mais restera l'inspirateur et le guide de la communauté jusqu'à sa mort.

Durant les quarante-deux dernières années de sa vie, il participe au rayonnement de la Genève protestante à travers toute l'Europe, il fait montre de ses qualités de médiateur dans plusieurs affaires, il est appelé en France où ont eu lieu les massacres de la Saint-Barthélemy, on le sollicite partout où surgissent de graves litiges.

Le 13 octobre 1605, Théodore de Bèze s'en va paisiblement retrouver son Sauveur.

Il reste de lui ses écrits fort nombreux, qui n'ont toutefois pas la qualité de ceux de Calvin, des brochures et des livres qui répondent à des contradicteurs, une multitude de lettres dont des centaines adressées à Bullinger, une pièce de théâtre, Le sacrifice d'Abraham, une traduction poétique des psaumes et le souvenir d'un serviteur de Dieu humble et intelligent, dont un gros livre suffit à peine à relater les multiples activités.

René Neuenschwander
Source: Théodore de Bèze, par Paul-F. Geisendorf

 

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