pensees du mois ligne w

 

La transhumance...

Il appelle par leur nom les brebis qui lui appartiennent, et il les conduit dehors. Lorsqu'il a fait sortir toutes ses propres brebis, il marche devant elles ; et les brebis le suivent, parce qu'elles connaissent sa voix.
- JEAN 10.3-4

Ils n'ont jamais été bergers ceux qui croient que tous les moutons se ressemblent ! Lui connaissait chaque profil et chaque tache ; lui discernait des traits de caractère où les autres ne voyaient qu'une masse de laine plaintive et craintive sur quatre pattes grêles.
- GILBERT CESBRON 

L'été s'offre à nous; pour beaucoup, c'est le temps de «bouger», de partir momentanément pour d'autres cieux, d'autres paysages, d'autres climats...
C'est aussi ce que font les grands troupeaux quand vient l'heure de la transhumance. Délaissant les plaines qui vont devenir trop chaudes, trop sèches, ils vont patiemment parcourir de longues distances pour s'élever, trouver de la fraîcheur, de l'herbe verte, des températures plus clémentes. Ils laisseront aux épines du chemin des brins de laine qui feront le bonheur des oiseaux pour garnir leur nid, ils abandonneront, sans même y penser, des semences venues d'ailleurs qui permettront aux espèces de se renouveler...
Au son des cloches, des aboiements des chiens, des cris des bergers, les troupeaux se déplacent, ils seront pour quelques mois des montagnards. Là haut, dans les estives, ils vivront une autre vie, plus près du ciel, loin de la pollution des basses vallées... et puis aux premières gelées, ils redescendront, retrouver la chaleur et le confort de la bergerie...

L'occasion pour nous, humains, de nous rappeler que nous sommes destinés à vivre au rythme des saisons, à nous déplacer, d'une tranche de notre vie à une autre. Aussi longtemps que nous aurons un souffle de vie, nous devrons continuer le voyage. Bon gré, mal gré... Aucun d'entre nous ne peut arrêter les grains qui glissent dans le grand sablier.
Apprenons «à bien compter nos jours» à en apprécier les saveurs variées, même lorsque des pointes d'amertume ou d'acidité nous font plisser les yeux. Une autre saison viendra, puis une autre et encore une autre... jusqu'à ce que, petit à petit, l'idée fasse son nid en nous: nous sommes en transhumance depuis le jour de notre naissance, en route pour des vallées meilleures, pour des régions plus hautes dont nous n'avons encore qu'une idée très vague. Nous savons seulement que c'est notre vraie maison et qu'elle répondra pleinement à toutes nos attentes. Nous laisserons nous aussi un peu de notre «laine» aux épines du chemin, et quelques semences de vie... ceux qui nous suivront sur le sentier nous en seront peut-être reconnaissants...
Et puis, pour chaque étape de cette «inalpe1», de cette longue montée vers les pâturages d'altitude, nous avons la voix du Berger qui nous accompagne et nous répète sans cesse, «rassurez-vous, c'est moi, n'ayez pas peur...2» et c'est finalement la chose la plus importante de ce voyage.
Je vous souhaite une bonne transhumance et un bel été dans les «estives3»...
Au plaisir de vous retrouver, pour une infusion fumante, quand vous redescendrez vers la paille douillette de la bergerie...

Brebis Philip

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1 Nom donné à la transhumance dans le Valais.
2 Matthieu 14.27
3 Pâturages d'altitudes où paissent les troupeaux durant l'été. 

© Tous droits réservés: Philip Ribe


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