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L'Amour véritable 2/6
Etude sur la première Epître de Jean

par Philippe Favre

Dans la première étude nous avons considéré d'abord la manifestation de la vie, le Dieu éternel révélé en Jésus-Christ; ensuite, le fondement, le but et les conditions de la communion; puis, le ministère de Jésus-Christ comme avocat auprès du Père pour le croyant qui a péché.

Aujourd'hui, nous abordons la partie de l'Epître qui va du chapitre 2:3 au chapitre 5:5 où l'apôtre fait ressortir massivement les caractéristiques des vrais et des faux croyants. Rappelons-nous que nous sommes à la fin du Ier siècle, que des loups cruels se sont introduits dans les Eglises sans épargner le troupeau; et qu'il s'est élevé du milieu des meilleures assemblées des hommes qui ont enseigné des choses pernicieuses pour entraîner les disciples après eux (Actes 20:29-30). Jean le sait, c'est pourquoi il a rédigé son évangile et sa première épître pour les chrétiens afin d'affermir leur foi et de consolider leur assurance (Jean 20:30-31, 1 Jean 5:13). Si l'Evangile contient des signes, l'épître établit des critères, c'est-à-dire des principes qui font référence et qui permettent de distinguer le vrai du faux, l'original de la copie, la réalité du fantasme.

Il y a trois critères fondamentaux par lesquels nous pouvons savoir si nous avons la vie éternelle: le critère doctrinal, c'est-à-dire la foi en Jésus le Fils de Dieu venu en chair; le critère moral, c'est-à-dire l'obéissance aux commandements et la pratique de la justice; le critère social, c'est-à-dire l'amour pour les frères malgré les différences raciales et culturelles. Ces trois vertus: la foi, l'obéissance et l'amour sont inséparables. Négliger l'une ou l'autre c'est s'exposer au développement d'une piété faussée, disproportionnée et excentrique. Dans cette section, Jean revient trois fois sur ces critères en les prenant dans un ordre différent ou en les ajoutant l'un à l'autre. Comme nous l'avons déjà fait remarquer, il a sa manière bien à lui d'exposer la vérité. Le premier cycle couvre 1 Jean 2:3-27; examinons-le ensemble.

1. Le critère moral: l'obéissance (1 Jean 2:3-6)

Jean note le contraste entre celui qui dit et celui qui pratique. Ce défaut déjà répandu chez les croyants d'alors le tracasse. C'est pourquoi son jugement est fort: "Celui qui dit : Je l'ai connu, et qui ne garde pas ses commandements, est un menteur, et la vérité n'est point en lui" (v. 4). Hélas, les croyants d'aujourd'hui ressemblent encore à leurs prédécesseurs. Les traits distinctifs entre l'Eglise et le monde n'apparaissent pas tellement à cause d'un Evangile "bon marché" où la sainteté n'est guère prêchée et peu vécue. Cet état de choses est humiliant et fait appel à la repentance. Cependant, ne nous laissons pas arrêter par certaines attitudes hypocrites car l'Ecriture montre clairement quelle est la conduite du chrétien sincère: "Celui qui dit qu'il demeure en lui doit marcher aussi comme il a marché lui-même" (v. 6). Christ demeure le modèle à suivre et nous avons les évangiles pour le contempler et nous pénétrer de sa façon d'être et de faire.

A partir de cette section et jusqu'à la fin, Jean va souvent employer les verbes savoir, connaître et reconnaître (environ 40 fois sous diverses conjugaisons). Pourquoi ? Parce que de faux docteurs se réclamaient d'une connaissance supérieure de Dieu et prétendaient en être illuminés pour rabaisser les chrétiens. Jean admet le principe d'une connaissance authentique de Dieu, puisque l'Ancien Testament et l'Evangile le proclament (cf. Jérémie 31:34 et Jean 17:3), mais il insiste sur le fait qu'aucune expérience religieuse n'est valable si elle n'est pas suivie de conséquences morales positives par rapport à Dieu et aux hommes. La conduite relâchée des adeptes de ces théoriciens, qu'on appellera gnostiques au IIe siècle (du grec gnosis connaissance), frappait de nullité la haute spiritualité dont ils se targuaient.

Pour Dieu, le critère est absolu puisque Jean emploie 2 fois le verbe garder aux versets 3 et 5. Ce terme donne un sens précis à l'obéissance, qui est plus qu'une observation extérieure de règles mais une soumission du coeur à sa volonté. Les commandements qu'il faut garder sont ceux de Christ, abondamment cités dans les Evangiles, car le chrétien ne vit plus n'importe comment, selon sa fantaisie, ses impulsions et son caractère. Au verset 5, la pensée s'approfondit avec l'expression garder sa Parole, ce qui signifie un grand attachement à l'auteur de la Parole. La croissance du chrétien dans l'obéissance est soulignée par la mention de "l'amour de Dieu véritablement parfait" qui s'exprime par la joie, la louange et le don de soi.

Les verbes employés au sujet de notre relation avec Christ sont admirables : le connaître (v. 3-4), être en lui (v. 5), demeurer en lui (v. 6), marcher comme lui (v. 6). Il n'y a rien d'automatique ni de forcé dans ces attitudes, mais une expérience correspondant au degré de maturité. Si le monde religieux de la fin du Ier siècle avait besoin d'entendre un tel message, combien plus celui de la fin du XXe, saturé de connaissances mais desséché de coeur.

2. Le critère social: l'amour (1 Jean 2:7-11)

De l'obéissance, l'apôtre passe à l'amour. Il ne les oppose pas, au contraire il les relie, car ce sont deux compagnons et non deux ennemis comme le monde le veut aujourd'hui. Comme pour le prouver, l'écrivain commence par dire "bien-aimés". Nous remarquons que le commandement d'aimer est présenté comme étant à la fois ancien et nouveau. Ancien, parce que déjà le Pentateuque mentionne le commandement d'aimer Dieu de tout son coeur (Deutéronome 6:5) et d'aimer son prochain comme soi-même (Lévitique 19:18). Nouveau, parce que le Seigneur Jésus l'a expressément prononcé dans la chambre haute, après le départ du traître Judas. Ainsi, la doctrine est ancienne, mais l'expérience toujours nouvelle à cause de l'identité de nature entre Christ et les siens (v. 8). Puis l'Ecriture nous décrit trois types d'hommes:

a) "Celui qui prétend être dans la lumière, et qui hait son frère, est encore dans les ténèbres" (v. 9). Nos langues peuvent affirmer bien des choses, mais nos actes peuvent prouver le contraire. Ce genre de comportement est à bannir de nos assemblées, car la lumière et l'amour se complètent.

b) "Celui qui aime son frère demeure dans la lumière, et aucune occasion de chute n'est en lui" (v. 10). Ici, le croyant fait du bien aux autres en manifestant son amour, car ses actes sont en harmonie avec sa pensée.

c) "Mais celui qui hait son frère est dans les ténèbres, et il ne sait où il va, parce que les ténèbres ont aveuglé ses yeux" (v. 11). Il est difficile de penser que la haine puisse habiter le coeur d'un chrétien, mais une antipathie persistante en est déjà le début, car elle fait perdre toute objectivité. Les malentendus entre frères sont l'oeuvre de Satan certes, mais les exhortations à l'amour fraternel et au support mutuel que nous trouvons dans la Bible montrent que nous avons aussi des responsabilités précises. Obéissons à Dieu dans ce domaine en taillant dans le vif de nos volontés propres et de nos inclinations naturelles. C'est là se charger de sa croix selon Luc 9 :23.

Parenthèse: l'Eglise et le monde (1 Jean 2:12-17)

Après la conclusion abrupte du verset 11, Jean ouvre une parenthèse sur l'Eglise et sur le monde. Ce passage est très connu par l'encouragement qu'il apporte aux chrétiens qui veulent avancer. Nous découvrons une communauté avec ses trois classes d'âge spirituel et ses caractéristiques. Nous lisons aussi une brève description des convoitises qui sont dans le monde.

a) L'Eglise
aux versets 12 et 13, nous trouvons deux fois le terme "petits enfants" traduit de façons différentes dans le grec. Le premier mot teknia met l'accent sur l'identité de nature entre les parents et les enfants; le deuxième mot paidia se réfère à la minorité de l'enfant. Ainsi les deux pensées d'affection et de subordination sont réunies, comme nous l'avons déjà vu plus haut. C'est le premier âge des chrétiens, qui correspond à l'âge de l'enfance que nous avons tous connu. Les petits enfants sont avant tout conscients du pardon de leurs péchés et de leur lien avec le Père.

Ensuite, Jean passe sans transition à la troisième classe d'âge, celle des pères. Il mentionnera plus loin l'âge intermédiaire, car le but d'une conversion est de tendre à la maturité. Aussi, le chrétien adulte est-il appelé père parce qu'il est capable de transmettre la vie et de la protéger. Lecteurs, où en êtes-vous à cet égard? Avez-vous des conversions? Savez-vous éduquer, élever, conduire dans la foi les nouveau-nés en Christ? Etes-vous un exemple pour les autres? L'Ecriture mentionne succinctement la caractéristique des pères. Ce ne sont pas ceux qui ont des révélations extraordinaires, des expériences sensationnelles, une supériorité écrasante, une connaissance réservée à une élite. Non, les pères ont simplement progressé dans la communion du Père, de "celui qui est dès le commencement" (v. 13 et 14). Ils sont devenus des adultes spirituels parce qu'ils se sont enracinés et fondés en Christ (Colossiens 2:6-7).

Enfin, Jean aborde l'âge des jeunes gens, étape importante. En effet, si l'on n'arrive pas à assumer cette condition, il n'y aura pas de pères, et l'Eglise restera peuplée d'enfants auxquels il faudra sans cesse enseigner les premiers éléments de la doctrine de Christ (cp. Hébreux 6:1). Quelle est la qualification des jeunes gens? Ils sont engagés dans la bataille. Ils combattent l'ennemi, le malin, et ils le vainquent! Pour quelle raison? Parce "qu'ils sont forts, et que la Parole de Dieu demeure en eux" (v. 14). Tout est là! Le verbe demeurer comprend une connaissance profonde de la Parole, une lecture assidue et suivie de la Bible. C'est ainsi que la partie est gagnée sur Satan qui veut empêcher la formation de jeunes gens aguerris et victorieux dans leurs conflits personnels (soif du plaisir, fièvre du changement, tentation des raccourcis, etc).

b) Le monde
Jean a présenté plusieurs fois l'ennemi intérieur, le péché. Il vient de mentionner l'ennemi extérieur, le malin. Il lui reste encore à parler de l'ennemi environnant, le monde. C'est ce qu'il fait dans les versets 15 à 17. Le monde est un puissant ennemi de l'Eglise qu'il cherche à contaminer, à affaiblir, à désarmer par son esprit et ses méthodes. L'exigence de l'Ecriture est absolue: "N'aimez point le monde, ni les choses qui sont dans le monde. Si quelqu'un aime le monde, l'amour du Père n'est point en lui" (v. 15). C'est l'un ou l'autre et non l'un plus l'autre, comme l'on voudrait nous le proposer aujourd'hui sous prétexte de "gagner le monde". Qu'est-ce que le monde? C'est la condition présente des affaires humaines, organisée en un système mauvais, qui bâtit sans Dieu, l'exclut de ses pensées, ses entreprises et finalement s'oppose à lui. Le monde a rejeté Christ par le moyen de ses sages (1 Corinthiens 1:21); c'est pourquoi l'amour du monde est incompatible avec l'amour de Dieu.

Dans l'expression "ni les choses qui sont dans le monde", l'Ecriture fait appel à un amour total, sans restrictions ni cloisonnements. Il ne s'agit pas de se retirer dans un monastère ou de vivre hors de la société, mais de fuir les convoitises décrites au verset 16 : celle de la chair, des yeux, de l'orgueil de la vie. La première convoitise naît tout simplement de la nature pécheresse qui est en nous. La deuxième vient des regards envieux comme celui d'Eve (Genèse 3:6), celui d'Acan (Josué 7:21), et celui de David (2 Samuel 11:2). La troisième peut se manifester par le pouvoir, la vaine gloire, le désir de paraître, le luxe. Ces choses auxquelles le monde tient tellement sont passagères et étrangères au royaume de Dieu. C'est pourquoi "celui qui fait la volonté de Dieu demeure éternellement" (v. 17).

Le critère doctrinal : la foi (1 Jean 2:18-27)

Après ces instructions sur la vie chrétienne, Jean reprend le fil de sa pensée et aborde sans détour le thème de l'hérésie avec l'affirmation de la divinité de Jésus comme pierre de touche. Au verset 18, il s'appuie sur l'enseignement de Paul au sujet de "l'homme impie" (2 Thessaloniciens 2:3) – appelé dans cette Epître l'Antéchrist – pour ajouter que cet homme sera précédé de plusieurs antéchrists qui n'hésiteront pas à se parer de l'habit chrétien (v. 19). Notons trois points dans cet exposé:

a) Une claire distinction entre les hérétiques et les vrais croyants (v. 18-21). Les premiers, après avoir fréquenté les assemblées chrétiennes en sont sortis parce qu'ils étaient incrédules et opposés au message divin. Les seconds, ayant passé par la nouvelle naissance, font la différence entre la vérité et le mensonge et discernent la pensée de Dieu.

b) La nature et les effets de l'hérésie (v. 22-23). Je rappelle que les gnostiques ont fait du Seigneur un homme rempli de puissance divine seulement pour une courte période. Ils niaient que le Fils éternel et l'Homme Jésus sont la même personne, possédant deux natures, l'une divine et l'autre humaine. Jean les traite de menteurs (v. 22). La vérité et l'erreur ne sont pas complémentaires, contrairement à une certaine dialectique car "quiconque nie le Fils n'a pas non plus le Père; quiconque se déclare publiquement pour le Fils a aussi le Père" (v. 23).

c) Deux garanties contre l'hérésie (v. 24-27). Dans l'atmosphère lourde qui pèse sur l'Eglise, la parole tranchante de l'apôtre remet toutes choses en place et apporte des certitudes. Il n'a pas de nouvelles recettes à proposer mais il ramène les croyants à l'origine : ce qu'ils ont entendu, c'est-à-dire la Parole de Dieu et l'onction qu'ils ont reçue, c'est-à-dire le Saint-Esprit. Si la Parole de Dieu demeure dans le croyant, celui-ci demeurera dans le Fils et dans le Père et il échappera aux séducteurs (v. 24-26). Parce que l'Esprit demeure dans le croyant, celui-ci peut demeurer en Christ selon les enseignements reçus (v. 27). L'Ecriture et l'Esprit se complètent et ne se contredisent pas: ils sont les garants de l'équilibre dans la vie chrétienne.

Philippe Favre

 


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