Les Réveils dans la Bible

2. Réveil au Carmel ( Elie)

Si nous parlons de réveil en 1 Rois 18, c'est dans le sens d'une intervention directe de Dieu dans une situation désespérée. Cette étude nous fait aborder le sujet des lois qui gouvernent un réveil. On oublie parfois qu'une telle mise en mouvement de puissances spirituelles augmente les tensions intérieures entre la chair et l'esprit chez les chrétiens réveillés. Les séductions et les contrefaçons surviennent souvent sur les talons de l'oeuvre de Dieu. Pour préserver l'action de l'Esprit de Dieu, il faut au préalable une solide instruction biblique et ensuite un objectif défini: l'évangélisation du monde.

Avant le réveil du Pays de Galles, le Royaume-Uni a eu le privilège d'entendre le Dr R. A. Torrey par lequel l'autorité de la Parole de Dieu a été nettement manifestée. Ainsi les chrétiens étaient préparés pour le grand mouvement de l'Esprit de Dieu qui allait suivre. Nous ne voulons rien aujourd'hui qui soit en dehors de la volonté de Dieu et plus nous nous laissons enseigner par les récits bibliques, plus nous sommes sûrs de ce que Dieu fait. Au Carmel, l'accent est mis sur le rôle préparatoire de la prière.

Après le passage de 1 Rois 18:41: "Et Elie dit à Achab: Monte, mange et bois; car il se fait un bruit qui annonce la pluie", nous lisons en Jacques 5:17-18 qu'"Elie était un homme de la même nature que nous: il pria avec instance pour qu'il ne pleuve point, et il ne tomba point de pluie sur la terre pendant trois ans et six mois. Puis il pria de nouveau, et le ciel donna de la pluie, et la terre produisit son fruit". Elie est comme Jérémie, un de ces hommes exceptionnels de l'Ancien Testament qui ont vécu et proclamé le message de Dieu seuls au milieu de l'apostasie de la nation. Il eut une grande influence sur la vie d'Israël. J'ai trois pensées à ce sujet.

Elie et le Nouveau Testament

Elie et nos temps

En quoi l'exemple d'Elie est-il un encouragement, un avertissement pour l'Eglise? Il vivait sous une autorité civile et religieuse qui avait renversé les lois des hommes et de Dieu. Le roi Achab "fit ce qui est mal aux yeux de l'Eternel, plus que tous ceux qui avaient été avant lui" (1 Rois 16:30). Non seulement il imita Jéroboam – avec le culte des veaux d'or – mais il se maria avec une femme païenne et idolâtre, la fille du roi de Sidon et bâtit en l'honneur de Baal une maison à Samarie la capitale! Et pour comble, sous son règne, Hiel de Béthel fit reconstruire la ville de Jéricho, au prix de la vie de ses deux fils (cf. Josué 6:26 et 1 Rois 16:34). Comme on le voit, Achab provoque Dieu en face.
En écrivant à l'Eglise de Thyatire, le Saint-Esprit mentionne parmi ses différents péchés: "Mais ce que j'ai contre toi, c'est que tu laisses la femme Jézabel, qui se dit prophétesse, enseigner et séduire mes serviteurs, pour qu'ils se livrent à la débauche, et qu'ils mangent des viandes sacrifiées aux idoles" (Apocalypse 2:20). Jézabel, c'est la personnification de tout ce qui, au nom de Dieu, s'oppose à Dieu; de tout ce qui est fait soi-disant pour Dieu, mais est vraiment contre Dieu. Si Achab représente l'esprit d'Antéchrist dans le monde, Jézabel représente l'esprit d'Antéchrist dans la chrétienté. Avec un tel roi et une telle reine on peut imaginer l'atmosphère lourde et l'état de pourriture morale et religieuse au temps d'Elie.

En lisant les chapitres 17 et 18 de 1 Rois, on est frappé par la passivité du peuple; Elie, Achab, Jézabel et les faux prophètes de Baal tiennent les rôles principaux, mais le peuple où est-il?... Il est là, muet sans réagir devant les événements. Lorsque Elie rassemble les prophètes de Baal et le peuple il pose cette question incisive: "Jusqu'à quand clocherez-vous des deux côtés? Si l'Eternel est Dieu, allez après lui; si c'est Baal, allez après lui! Le peuple ne lui répondit rien" (1 Rois18:21). Le mot traduit par "clocher des deux côtés" se retrouve dans l'expression "Je passerai par-dessus vous" (Exode 12:13), ce qui veut dire passer outre; action bonne dans le cas de la Pâque à cause du sang répandu, mauvaise sous le règne d'Achab à cause de ses iniquités répétées. La question d'Elie pouvait se traduire ainsi: Jusqu'à quand passerez-vous par-dessus les iniquités d'Achab et de Jézabel? Jusqu'à quand refuserez-vous de prendre vos responsabilités? Jusqu'à quand hésiterez-vous entre deux décisions? Jusqu'à quand resterez-vous stationnaires? A force de persévérer dans cette attitude le peuple passait par-dessus le mal, ne le jugeait pas, le tolérait et s'y associait.

C'est à cette mentalité qu'Elie avait affaire et c'est au milieu de cette paralysie qu'il fallait une intervention divine. N'oublions pas que ces choses "ont été écrites pour notre instruction à nous qui sommes parvenus à la fin des siècles" (1 Corinthiens10:11).

Aujourd'hui encore on veut bien jouir d'un nom qui ne correspond pas à la réalité, avoir des privilèges sans prendre de responsabilités et sans condamner l'iniquité sous toutes ses formes. On préfère ignorer le mal, passer l'éponge... oui, et l'on parle de réveil! Mais ce n'est pas tout, les lieux saints étaient dans un piteux état. Il y avait à la cour d'Achab un homme du nom d'Abdias, gouverneur du palais qui craignait l'Eternel depuis son enfance et qui avait même caché cent prophètes de Dieu dans une caverne lors d'une persécution (cf. 1 Rois 18:4). Un jour il rencontra Elie et Iui dit: "Est-ce toi mon seigneur Elie? Il lui répondit: C'est moi; va, dis à ton maître: Voici Elie!" (18:7-8). L'accent est mis sur ton maître. Elie pouvait dire sans réserve: "L'Eternel est vivant, le Dieu d'Israël, dont je suis le serviteur!" (1 Rois17:1). Mais Abdias qui craignait Dieu et s'était compromis pour lui avait le coeur partagé. Il servait à la fois Elie et Achab. Lui aussi clochait des deux côtés.

L'Esprit de Dieu a-t-il quelque chose à nous dire à ce sujet? Nos coeurs sont-ils partagés? Nous craignons l'Eternel, c'est vrai, et nous le servons; mais sommes-nous éclairés sur les subtilités destructrices du mal, et dans quel intérêt agissons-nous? L'une des malédictions de nos temps, c'est le nombre de croyants dont le coeur est partagé. Que de bonnes paroles peuvent couvrir une soumission à un Achab et à une Jézabel modernes, ne fût-ce qu'indirectement!

Et puis il y a les sept mille, dont le Seigneur nous parle à deux reprises (cf. 1 Rois 19:18 et Romains 11:2-4). Nous apprenons par ces passages qu'Elie n'était pas seul et qu'une minorité n'avait pas succombé, cependant elle n'était pas à ses côtés. Où était-elle et que faisait-elle quand la vie d'Elie était en danger? La Bible ne dit rien à ce propos, mais il est préférable d'être actifs comme Elie (Jacques 5:18) que passifs comme les sept mille (cf. 1 Rois 19:18)!

Je souligne une autre caractéristique qui nous concerne directement: "Elie était un homme de la même nature que nous" (Jacques 5:17). Ce prince des prophètes fait face aux quatre cent cinquante prophètes de Baal, ordonne leur exécution immédiate, ne craint absolument rien d'autre que Dieu et pourtant se sauve lorsqu'il reçoit une menace de mort de Jézabel (cf. 1 Rois 19:3).

Pourquoi cette défaillance? Quelle en est l'explication? Je crois que Jézabel lâche le secret lorsque, pour se venger d'Elie, elle parle des dieux dont la puissance démoniaque se manifeste par l'usure et l'épuisement de celui qui leur résiste. Elie est exténué par le combat contre l'apostasie. Nous le voyons fatigué, las, découragé, appelant la mort, mais Dieu intervient en sa faveur et le secourt. Avec une infinie compassion, le Seigneur lui parle; il en prend soin, le nourrit à tel point qu'il se remet, s'en va et marche quarante jours et quarante nuits jusqu'à Horeb où Dieu le rencontre à nouveau (cf. 1 Rois 19:3-8). Vous connaissez sa merveilleuse fin terrestre: son enlèvement dans la gloire et son manteau qui tombe sur le jeune Elisée (cf. 2 Rois 2:11-14).

Que nul ne se décourage et que personne ne se glorifie non plus! Dieu emploie les choses faibles pour anéantir les choses fortes du monde, mais il faut qu'il possède entièrement les siens pour qu'ils triomphent de l'atmosphère et de la mentalité con- temporaines.

Revenons en arrière: Elie a d'abord prié pour que le ciel se ferme (cf. 1 Rois 17:1-2), puis – après le rétablissement de l'autel et la destruction des faux prophètes – il a prié pour qu'il s'ouvre à nouveau. Dieu a répondu aux deux prières. L'Ecriture décrit la sensibilité d'Elie qui entend le bruit lointain de la pluie, monte au sommet du Carmel et prie intensément jusqu'à l'exaucement (cf. 1 Rois 18:41-46). C'est dans ce sens que je parle de réveil au Carmel. Dieu intervient dans les affaires des hommes et les bénit quand le mal est jugé grâce à la fidélité d'Elie et sa vie de prière intelligente, même si Achab reste encore sous le pouvoir des faux dieux. Ainsi Dieu montre qu'il est le plus fort.

Elie et nous

Considérons Elie: il nous est dit qu'il vivait dans la présence de Dieu. En général l'Ecriture nous donne la généalogie des sacrificateurs et des prophètes. D'Elie on ne sait rien du tout, sauf ceci: "Elie le Thischbite, l'un des habitants de Galaad, dit à Achab: L'Eternel est vivant, le Dieu d'Israël, dont je suis le serviteur" (1 Rois 17:1). Elie vient de la présence de l'Eternel. Aucun autre détail n'est donné. Comme pour Melchisédek, nous sommes subitement en face du personnage. La première chose sur laquelle nous devons insister c'est la communion avec Dieu au milieu de ces mêmes circonstances, en dépit de ces mêmes tentations. Que rien ne nous sorte de la présence de l'Eternel, ni son oeuvre, ni notre ministère, ni notre environnement.

Vous êtes peut-être un disciple inconnu, mais si vous vivez dans la présence de Dieu, tout est bien et il prendra soin de vous. Le diable tentera de vous soustraire à cette position. Qui n'en connaît pas la Iutte? "Le Dieu d'Israël dont je suis le serviteur", c'est le serviteur devant son maître bien-aimé, le soldat devant son supérieur, l'enfant devant son père. Oui, au milieu de l'indifférence et de l'angoisse, recherchez la présence de Dieu! Fermez votre porte et dites à vos amis qui heurtent: "Pas maintenant!" Vous désirez le réveil, vous souhaitez que Dieu vous emploie à cet effet. Voici la première condition: "L'Eternel... dont je suis le serviteur."

Lisez Genèse18: Abraham était debout et il a demandé grâce même pour Sodome et Gomorrhe. Sommes-nous debout pour notre génération? Lisez Nombres 16 où, lors de la révolte de Koré, Aaron courut – l'encensoir à la main – au milieu de l'assemblée, se tenant debout entre les morts et les vivants. Aaron, comme Elie, était de ceux qui savaient se tenir debout pour le peuple, pour le pays, entre Dieu et Satan. Prenons la décision non seulement de garder la présence de Dieu dans nos vies, mais de nous tenir debout pour le monde. Au temps d'Elie, un homme a suffi. Lecteurs, combien sommes-nous? Cent chrétiens devant le trône de Dieu, c'est le déclenchement d'une puissance extraordinaire, c'est l'annonce d'une grande pluie.

Hugh E. Alexander