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Les cinq «SOLI» des Réformateurs

1. SOLA SCRIPTURA

Alfred Kuen et Frank Horton

Les Réformateurs ont exprimé leurs convictions en cinq formules significatives commençant par Sola ou solus (seul). La première d'entre elles, Sola Scriptura (l'Ecriture seule), commandait les autres.

A l'époque de Martin Luther, cette expression réaffirmait que la Bible était l'unique et ultime autorité à laquelle les chrétiens se soumettaient, à l'exclusion des décrets qui venaient des traditions de l'Eglise médiévale, des conciles ecclésiastiques et du Pape. Les Réformateurs désiraient que l'Ecriture Sainte tienne seule en qualité d'autorité véritable pour les croyants.

Aujourd'hui, dans leurs confessions de foi, les évangéliques adhèrent toujours à «l'autorité de la Bible»; mais le problème principal auquel nous sommes confrontés ne se situe plus à ce niveau-là. Car la question que nous devons nous poser à l'heure actuelle est de savoir si la Bible suffit à elle seule pour orienter et diriger la vie et le travail de l'Eglise. Croyons-nous encore, face aux complications de la société actuelle, que l'Ecriture seule est capable d'attirer les incroyants vers le Christ, de nous aider à croître dans la piété, de diriger nos vies, de transformer et de revitaliser la société?

En d'autres termes, la bataille au XVIe siècle était dirigée contre ceux qui voulaient ajouter des traditions ecclésiastiques à l'Ecriture, tandis qu'aujourd'hui elle doit être livrée contre ceux qui nous recommandent l'utilisation de moyens humains, au détriment de la Bible, pour accomplir l'œuvre de Dieu. Qu'on nous comprenne bien: nous ne rejetons pas la contribution ni l'utilité des découvertes, fruits des recherches dans les divers domaines scientifiques. Car toute vérité a sa source en Dieu, tant et si bien que les sciences humaines nous permettent de mieux comprendre ce que les théologiens appellent la «Révélation générale», celle du Dieu Créateur (Rom 1.19,20). Mais nous devons sonner le tocsin lorsque, par un glissement imperceptible, nos études, prédications et autres rencontres tendent à remplacer l'Ecriture par les directives des sociologues, éducateurs, psychologues, psychiatres, etc., et à donner la préférence à ceux-ci!

A ce sujet, le regretté James Montgomery Boice, pasteur de la Tenth Presbyterian Church à Philadelphie, avait déjà exprimé son inquiétude en 1993, et surtout pendant les derniers mois de sa vie. Le sermon qu'il a donné le 23 mai 1993, à l'occasion du 25e anniversaire de son ministère, sur la «pleine suffisance de la Parole de Dieu» garde toute son actualité. On en jugera par l'extrait résumé que nous en donnons ci-dessous.

La pleine suffisance de la Parole de Dieu

Après avoir évoqué la priorité et l'inerrance de la Bible, face aux diverses théologies libérales tributaires de la subjectivité des théologiens, Boice pose la question: «Croyons-nous vraiment que Dieu nous a donné dans sa Parole tout ce dont nous avons besoin? Ou bien croyons-nous nécessaire de compléter la Bible par d'autres choses dues au génie de l'homme: techniques sociologiques pour évangéliser? Psychologie et psychiatrie pour favoriser la croissance chrétienne? Signes et miracles pour être guidés? L'enseignement biblique est-il suffisant pour favoriser le progrès social et les réformes nécessaires ?» Pour sa démonstration, il s'appuie principalement sur trois textes bibliques:

  • Le Psaume 19 montre que la Parole de Dieu, opposée à la révélation limitée que Dieu nous donne de lui-même dans la nature, est «parfaite, digne de confiance, elle donne la sagesse et du discernement, tous ses décrets sont vrais, parfaitement justes»;
  • Dans Matthieu 4, nous découvrons la pleine suffisance de la Parole pour résister aux tentations de l'Adversaire. Jésus n'a eu recours ni à un pouvoir surnaturel, ni à des signes ou à une intervention spéciale de Dieu. Il a cité trois textes du Deutéronome et il a vaincu l'Ennemi;
  • Dans 2 Timothée 3.16-17, l'apôtre Paul avertit son jeune disciple en lui présentant les caractéristiques des derniers temps où les gens «seront égoïstes, avides d'argent, vantards et prétentieux. Ils parleront de Dieu d'une manière injurieuse et n'auront pas d'égards pour leurs parents. Ils seront ingrats, dépourvus de respect pour ce qui est sacré, sans cœur, sans pitié, calomniateurs, incapables de se maîtriser, cruels, ennemis du bien; emportés par leurs passions et enflés d'orgueil, ils seront prêts à toutes les trahisons. Ils aimeront le plaisir plutôt que Dieu. Certes, ils resteront attachés aux pratiques extérieures de la religion mais, en réalité, ils ne voudront rien savoir de ce qui en fait la force» (2 Tim 3.1-5).

Quelle arme secrète Paul va-t-il dévoiler à Timothée pour agir en un temps pareil? Rien de neuf: seules les saintes lettres qu'il connaît depuis son enfance, auxquelles il doit rester attaché car elles peuvent lui donner la vraie sagesse, qui conduit au salut par la foi en Jésus-Christ, et puisque toute l'Ecriture est inspirée de Dieu, elle est aussi utile pour enseigner, réfuter, redresser et apprendre à mener une vie conforme à la volonté de Dieu, de sorte que l'homme de Dieu se trouve parfaitement préparé et équipé pour accomplir toute oeuvre bonne.

Pleinement suffisante dans tous les domaines

1. Dans l'évangélisation

Toutes les techniques employées: musique captivante, témoignages personnels, appels à l'émotion, s'avancer pour témoigner de sa consécration au Christ, tout cela est, dans le meilleur des cas, un complément. «Mais si on utilise de tels moyens ou si on s'appuie sur eux sans une prédication fidèle et un enseignement de la Parole de Dieu, les «conversions» qui en résultent seront de fausses conversions, ce qui veut dire que ceux qui y répondent ne seront pas de vrais chrétiens, mais seulement des chrétiens de nom. Le seul moyen par lequel le Saint-Esprit agit pour régénérer des hommes et des femmes, c'est la Parole de Dieu». L'apôtre Pierre a dit: Vous êtes nés à une vie nouvelle, non d'un homme mortel, mais d'une semence immortelle: la Parole vivante et éternelle de Dieu (1 Pi 1.23).

2. Dans la sanctification

En parlant de sanctification, la plupart d'entre nous pensent soit à une méthode («Si vous voulez être saint, voici trois choses que vous devrez faire...»), soit à une expérience («Vous avez besoin d'une seconde oeuvre de la grâce, d'un baptême du Saint-Esprit»). Pour Paul, il s'agit de connaître la Bible et ce qu'elle enseigne au sujet de ce que Dieu a fait pour nous lorsqu'il nous a sauvés. Dans Rom 6.11, Paul dit pour la première fois dans l'épître que le croyant doit faire quelque chose: se considérer comme mort au péché et vivant pour Dieu en Jésus-Christ. Il doit s'appuyer sur quelque chose qui a été accompli pour lui – il doit donc connaître l'Ecriture, puis agir sur la base de cette connaissance. Telle est l'approche biblique de la sanctification: connaître et vivre par la Parole suffisante de Dieu.

3. Pour être guidé

La Parole de Dieu nous renseigne amplement sur la manière dont nous devons vivre pour plaire à Dieu. Pour toutes les questions qui ne sont pas directement prévues par elle (quelle profession choisir, avec qui nous marier?), si nous obéissons aux directives que la Parole nous donne, nous ne pourrons pas faire fausse route.

4. Réformes sociales

Là aussi, la Parole de Dieu est suffisante pour renouveler et réformer la société. J.M. Boice en donne pour preuve l'exemple de Genève au temps de Calvin. En 1535, le Conseil des Deux Cents qui gouvernait la ville a décidé de rejeter le catholicisme et de se tourner vers la Réforme. Jusque là, la ville était connue pour ses émeutes, les jeux de cartes, les danses indécentes, l'ivrognerie, les adultères et autres vices. Certains se promenaient nus dans les rues et chantaient des chansons grivoises et blasphématoires. Lorsque la ville s'est tournée vers le protestantisme, les gens voulaient continuer comme auparavant. Le Conseil ne savait que faire pour changer cet état des choses. Il émit décret sur décret pour endiguer les vices, mais rien n'y fit. Le niveau moral de la cité continuait à décliner.

Calvin arriva à Genève une année après la décision de changer d'obédience. Il était pratiquement ignoré et ne touchait même pas de salaire la première année. Ses premiers essais de prédication furent si impopulaires que le Conseil le démit au début de l'année 1538. Il partit pour Strasbourg où il fut très heureux et n'eut aucune envie de retourner à Genève. Lorsque la situation eut gravement empiré là-bas, on lui demanda de revenir. Mû par le sentiment du devoir, il y revint le 13 septembre 1541.

Sa seule arme était la prédication de la Parole de Dieu. Il la reprit exactement à l'endroit où il l'avait laissée en partant trois ans et demi auparavant. Il prêcha tous les jours et, sous l'effet de cette prédication, les choses commencèrent à changer. «Lorsque les Genevois eurent connaissance de la Parole de Dieu et lui permirent d'influencer leur comportement, leur cité devint presque une nouvelle Jérusalem d'où l'Evangile rayonna vers le reste de l'Europe, vers la Grande Bretagne et le Nouveau Monde». Ce changement en entraîna d'autres sur le plan social (réglementation des conditions sanitaires, création d'un hôpital et d'une maison pour les pauvres, éducation des gens à tous les niveaux, création de l'Académie qui influença toute l'Europe, établissement d'industries).

Genève est le meilleur exemple de ce que peut réaliser, sur le plan moral et social, la prédication fidèle de la Parole de Dieu.

A.K. et F.H.


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