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10. Ezéchias - L'instrument d'un vrai Réveil

1. La soudaineté d'un Réveil

Après ces sinistres événements, rien ne laissait prévoir un subit renversement de situation. Bien sûr qu'il devait y avoir en Juda de sincères croyants profondément affectés par le comportement d'Achaz le corrompu. Peut-être y avait-il ici et là des hommes et des femmes souffrant dans leur âme à cause de ce débordement d'iniquité. Mais s'ils pouvaient souhaiter que l'Esprit de Dieu réveille le peuple de sa léthargie spirituelle, ils n'auraient cependant pas pu par eux-mêmes provoquer le moindre réveil des consciences.

De même, les chrétiens d'aujourd'hui ne sauraient ni promouvoir ni organiser un Réveil. Dieu seul a été l'auteur de tous les Réveils qui se sont produits au cours des siècles, et si le Seigneur accordait de nos jours une nouvelle visitation de son Esprit à une fraction de son Eglise en quelque endroit sur la face de la terre, il s'agirait d'un événement imprévisible, immérité et dépendant exclusivement de sa grâce souveraine. Bien entendu, je ne fais pas allusion ici à de faux réveils et à ces manifestations spectaculaires où l'exaltation remplace la contrition des coeurs, mais à un authentique mouvement de l'Esprit de Dieu, comme il ne s'en est plus produit sur une vaste échelle depuis des décennies, du moins dans nos nations christianisées.

Sans doute l'Eternel avait-il préparé le coeur d'Ezéchias alors que, prince héritier, il était le témoin des actes sacrilèges de son père Achaz. Peut-être s'en est-il indigné; mais il n'avait pas voix au chapitre et ne pouvait qu'attendre. Or tous les Réveils de l'histoire sont nés de situations dramatiques, dans lesquelles le peuple de Dieu, à bout de ressources mais travaillé dans sa conscience, suppliait le Tout-Puissant d'intervenir. Et tous ces Réveils ont été le fruit des prières persévérantes des saints du Très-Haut, dont les noms n'ont pas souvent figuré dans les annales (cf. Hé 6:10, 2 Co 5:10), mais qui recevront au tribunal de Christ la plus belle des couronnes.

La plupart des chroniques racontant les Réveils du passé évoquent la soudaineté d'événements bouleversants et totalement imprévisibles. Nul n'a donc le droit d'affirmer que de telles expressions de la puissance divine ne pourraient plus se produire aujourd'hui.

Au sujet du Réveil d'Ezéchias, la Bible indique: "la chose se fit subitement" (2 Ch 29:36). C'est la "première année de son règne, au premier jour du premier mois" (cf. 2 Ch 29:3,17) que le jeune roi prit l'initiative d'ouvrir les portes du Temple, puis de convoquer les sacrificateurs et les Lévites pour le réparer et le purifier (2 Ch 29:6-7). A ses yeux, son père Achaz était allé si loin dans le mal qu'on ne pouvait tolérer une telle monstruosité, ne fût-ce qu'un jour de plus...

Autre caractéristique d'un authentique Réveil, Ezéchias ne cherche pas à agir seul. D'emblée il fait appel à ceux qui, sous la loi de Moïse, étaient les premiers responsables du sanctuaire (cf. 2 Ch 26:18). Alors comme aujourd'hui, un Réveil commence toujours par le peuple de Dieu, quitte à ce qu'il s'étende par la suite à des foules entières. Les perdus ne se convertiront pas au Seigneur sans qu'auparavant les serviteurs de Dieu se soient jetés sur leur face, dans l'humiliation et le repentir. Tous les comptes rendus des Réveils d'autrefois se rejoignent dans leurs évocations de croyants soudain convaincus de leur propre culpabilité, de chrétiens pleurant sur leurs péchés, d'Eglises entières courbées sous l'action puissante du Saint-Esprit jusqu'à ce que leurs membres aient confessé – souvent publiquement – les fardeaux qui chargeaient leur conscience.

Une situation qui n'est pas sans rappeler la vague de contrition qui s'empara des Lévites et des sacrificateurs de Jérusalem, quand Ezéchias s'adressa à eux, le premier jour de son règne. Remarquons la structure modèle de ce message (2 Ch 29:11):

"Mes fils, cessez d'être négligents..."

  • quand? maintenant!
  • qui? vous!
  • où? dans le sanctuaire!

"car vous avez été choisis..."

  • par qui? l'Eternel!
  • en vertu de quoi? sa seule grâce!
  • pour quoi faire? vous tenir devant lui!

"...pour le servir"

  • comment? en lui offrant des parfums
  • avec qui? en rassemblant vos frères
  • dans quelle perspective? vous sanctifier, puis purifier le Temple (2 Ch 29:15-16).

2. Les premiers fruits du Réveil

A la base de ce Réveil, l'initiative d'un roi qui n'avait que 25 ans, (2 R 18:2; 2 Ch 29:1) mais que Dieu avait choisi, et sans doute préparé à une mission dont il ne mesurait certainement pas la portée. Car si les Réveils peuvent arriver soudainement, (cf. 2 Ch 29:36) l'Esprit de Dieu a toujours labouré profondément le terrain au préalable. Il a suscité des intercesseurs qui souffraient de l'état de l'Eglise de Christ et qui ont parfois prié pendant des décennies en suppliant le Seigneur d'intervenir, des hommes et des femmes qui, souvent, n'ont pas vécu assez longtemps pour voir l'exaucement de leurs requêtes.

Il en fut de même pour Ezéchias qui a déploré pendant des années la déchéance de Juda sous le règne de son père Achaz. Lorsqu'il fera part de ses intentions aux Lévites, il les convaincra par sa détermination, mûrie au cours d'années de travail de sa conscience et de luttes, creuset où se forgea une détermination inébranlable: "J'ai donc l'intention..." (2 Ch 29:10). Ezéchias a alors trouvé des oreilles ouvertes et des coeurs contrits, si bien qu'à la soudaineté de son initiative succéda la rapidité dans l'exécution de ses consignes: Les prêtres se sont levés pour rassembler leurs frères; ils se sont sanctifiés (2 Ch 29:15) – c'est-à-dire selon le sens biblique du terme, séparés du mal et du péché – et ils se sont mis au travail: Le premier jour, ils entrèrent dans la cour du temple, le huitième dans le sanctuaire, et le seizième, idoles et souillures avaient toutes été évacuées vers le torrent du Cédron. Le tout fut achevé en seize jours! (2 Ch 29:16-17).

La vallée du Cédron... que David franchit dans les larmes, lorsqu'il dut s'enfuir devant son fils Absalom (cf. 2 S 15:23,30) ... et qu'à son tour, le Seigneur Jésus dut traverser en se rendant à Gethsémané, l'antichambre de Golgotha. (Jn 18:1) Il n'a pas suffi aux Lévites d'Ezéchias de sortir les statues et les idoles de l'enceinte sacrée du Temple; ils ont voulu les jeter, les faire disparaître à tout jamais dans le torrent du Cédron, montrant ainsi qu'ils étaient bien décidés à aller aussi loin que nécessaire pour assainir les lieux saints. Or pour nous, il est aussi un "torrent du Cédron" sur lequel se profile l'ombre de Golgotha, où le Crucifié attend que nous déposions à ses pieds tout ce qui a pris la place de Dieu dans nos vies; car c'est là seulement qu'"il efface nos transgressions comme un nuage, et nos péchés comme une nuée". (Es 44:22)

Mais revenons à Ezéchias lui-même. Lui aussi ne recula devant aucune besogne ingrate, et sans doute affronta-t-il l'opposition des nostalgiques du passé en brisant le serpent d'airain (2 R 18:4) que Moïse avait confectionné au désert pour conjurer la plaie des serpents brûlants. (No 21:7)

Pourquoi donc? Le peuple lui vouait un culte... semblable à celui qu'on dédie aujourd'hui aux reliques ou aux endroits foulés par le Seigneur et ses apôtres. Les objets ou les lieux les plus sacrés sont souvent à l'origine de sacrilèges, l'adoration ou les prières les plus ferventes peuvent devenir des formes et de vaines traditions, et le culte du souvenir peut nous voiler la face de Dieu! Ah, que le Seigneur suscite en notre époque de nouveaux "Ezéchias" dans les rangs de l'Eglise militante de Jésus-Christ, des hommes ou des femmes qui n'hésiteront pas à payer le prix du Réveil, en écartant tous les obstacles susceptibles d'entraver la sincère repentance du peuple de Dieu!

Dès que les Lévites eurent fait leur rapport au roi, (2 Ch 29:18) le feu des sacrifices offerts à l'Eternel brûla à nouveau sur l'autel, les musiciens ressortirent leurs instruments et les chantres reprirent leur place dans l'enceinte sacrée, ainsi que David l'avait institué 350 ans auparavant. (1 Ch 25) Le roi et les principaux du peuple se prosternèrent devant l'Eternel, puis engagèrent tout un chacun à apporter à son tour les sacrifices que lui dictaient les élans de son coeur. (2 Ch 29:20-35)

Bien sûr, après ces décennies d'une idolâtrie outrancière, réactions adverses, moqueries acerbes ou tergiversations de diverses natures ne manquèrent pas; (cf. 2 Ch 3ó:10) mais l'opposition vint surtout de la part de ceux qui auraient dû être les premiers à suivre les traces d'Ezéchias: n'est-il pas écrit que les sacrificateurs ont eu moins à coeur de se sanctifier que leurs subalternes les Lévites? (2 Ch 29:34)

Cependant, quand l'Esprit de Dieu souffle en liberté et puissance, il devient une puissance irrésistible. Si bien que les uns comme les autres se mirent au pas, et dès que l'ordre fut rétabli dans la maison de Dieu, "tous se réjouirent, car Dieu avait bien disposé son peuple" (2 Ch 29:36)! Si le Seigneur trouvait à nouveau des coeurs bien disposés au sein de son Eglise, ne pourrait-il pas en faire de même aujourd'hui?

3. Les conséquences à long terme de tout vrai Réveil

L'authenticité d'un mouvement de Réveil se prouve dans deux directions: D'une part, une opposition farouche de Satan qui fait tout pour contrecarrer les offensives du royaume de Dieu, et d'autre part des oeuvres portant la marque de l'approbation du Seigneur dont les fruits seront durables.

Avant d'affronter l'antagonisme de Sanchérib, roi d'Assyrie, Ezéchias fit œuvre constructive en Juda, d'abord en matière religieuse, puis dans le domaine sacerdotal et social, enfin sur le plan politique.

Dans le domaine religieux

Ezéchias convoque tant les ressortissants de Juda que ceux du Royaume du Nord à une solennelle célébration de la Pâque. (2 Ch 30:1) Bien sûr que les Israélites des dix tribus se moquèrent des coureurs venus de Jérusalem pour les inviter à cette célébration. (2 Ch 30:10, cf. 2 Ch 3:11,13) Mais ces messagers ne se laissèrent pas désarçonner, et nombreux furent ceux qui répondirent à l'appel.

Comme toutes les autres fêtes juives du reste, la fête de Pâque "n'était plus célébrée comme il est écrit". (2 Ch 30:5) Ce constat peut hélas aussi fort bien s'appliquer à toutes les fêtes dites chrétiennes aujourd'hui!

Or, comme le Réveil et la convocation à la fête de Pâque ont surpris tout le monde, beaucoup d'Israélites sincèrement désireux d'honorer l'Eternel par cette célébration n'ont pas eu le temps de se soumettre aux rites de préparation à la Pâque prescrits par la loi (cf. Ex 12:48) (obligation de la circoncision (Jos 5:2-11), purification après un ensevelissement, (No 19:16) etc). Dans son profond désir d'honorer Dieu, Ezéchias qui, sans nul doute, nourrit son âme des écrits sacrés, va tirer parti d'une clause de la loi de Moïse: Elle autorisait les Juifs affectés par un deuil de renvoyer de trente jours le repas sacré de la Pâque, et de remettre au second mois (No 9:10-11) cette célébration solennelle dont nul ne devait être privé. (2 Ch 30:2-12) Aussi Ezéchias profite-t-il de ce délai supplémentaire pour encourager tous les Juifs à ne pas se laisser désarçonner par les moqueurs et à grossir le nombre des adorateurs de l'Eternel. (2 Ch 30:6-11)

Dès lors, un puissant mouvement de repentance s'empare de milliers d'Israélites qui s'humilient et s'unissent d'un même coeur pour se rendre à Jérusalem. "Ce fut une immense assemblée" (2 Ch 30:13) précise le texte. Et non seulement tous ces Juifs soudain ramenés à la religion de leurs pères offrent-ils les sacrifices prescrits pour la Pâque, (2 Ch 30:13,21:22) mais ils se lèvent, font disparaître tous les autels dédiés aux idoles, (2 Ch 30:14) puis repartent dans leurs villes pour y renverser les hauts lieux et abattre les statues représentant des déesses païennes. (2 Ch 31:1)

L'abandon de la pratique du péché et la destruction de ce que Dieu réprouve sont encore des marques d'authenticité d'un véritable Réveil. Le Seigneur en est glorifié, alors que l'adversaire de Dieu est obligé de lâcher ses victimes!

Ezéchias a prié pour ceux qui n'ont pas eu le temps de se conformer aux exigences de la loi, afin que les rigueurs des commandements mosaïques ne les frappent pas. (2 Ch 30:18-19) Et l'Eternel exauce Ezéchias. (2 Ch 30:20) Aussi, est-ce dans une grande joie que tout le peuple célèbre la Pâque pendant sept jours, puis prolonge la fête pendant sept autres jours, en profitant de la libéralité du roi – qui a mis à disposition mille taureaux et sept mille brebis, tandis que de leur côté, les chefs ont offert mille taureaux et dix mille brebis. (2 Ch 30:21-27) Quelle fête! Quelle joie, aussi inattendue que débordante, après tant d'années d'oppression, de défaites et de sacrilèges!

Dans le domaine sacerdotal et social

Toutefois, il ne suffit pas de célébrer la fête; il faut que les parfums continuent à s'élever de l'autel, que le service des Lévites se poursuive et que leurs cantiques de louange retentissent chaque jour dans le Temple. Il faut que le sacerdoce devienne une fonction permanente, et que dîmes et offrandes alimentent régulièrement le trésor de l'Eternel, afin que les prêtres n'aient pas à se détourner de leur office. Aussi des hommes fidèles se voient-ils confier l'intendance des trésors apportés à la maison de l'Eternel, alors que d'autres assument désormais les distributions régulières aux Lévites, aux chantres et aux sacrificateurs. (2 Ch 31:7-20) Le Réveil devient ainsi générateur d'abondance et de renouveau dans le sacerdoce; et sous son influence, il y a épanouissement de la vie de foi, pour le plus grand profit du peuple tout entier.

Peut-être ne mesurons-nous pas toute la portée des bénédictions spirituelles et matérielles que pourrait engendrer un Réveil, s'il se reproduisait aujourd'hui dans l'Eglise du Seigneur!

Il appartint au texte biblique de démontrer à quel point Dieu a été honoré par les actes d'intégrité d'Ezéchias, instrument de ce Réveil: "Voilà ce que fit Ezéchias dans tout Juda; il fit ce qui est bien, ce qui est droit, ce qui est vrai, devant l'Eternel, son Dieu. Il agit de tout son coeur, il réussit dans tout ce qu'il entreprit, en recherchant son Dieu, pour le service de la maison de Dieu, pour la loi et pour les commandements". (2 Ch 31:20-21) Ezéchias a marché dans la vérité et agi de tout son coeur. Jamais il n'y aura Réveil si les coeurs sont encore partagés ou si la vérité biblique n'est pas pleinement respectée. Mais le Seigneur a de la joie quand "ses enfants marchent dans la vérité" (cf. 3 Jn 4) ... comme Ezéchias!

Dans le domaine politique

Ezéchias se révolte contre le roi d'Assyrie, il bat les Philistins et ravage leur territoire; (2 R 18:7-8) après les défaites essuyées par son père sur divers champs de bataille, ces victoires ouvrent des perspectives de paix à Juda, dont Ezéchias va abondamment profiter dans les réformes qu'il entreprend. Mais l'avenir lui réserve encore de plus graves défis à relever...

4. Les assauts de l'adversaire face au Réveil

"Après ces choses et ces actes de fidélité" (2 Ch 32:1)...

Après les chants de louange, le martèlement des sabots des chevaux venus d'Assyrie! Après la bénédiction au Temple de Jérusalem, la contre-attaque à la frontière. Après le ciel ouvert, l'étau d'un ennemi qui ne s'avoue jamais battu. Ce n'est pas pour rien que, dans la formule de bénédiction instituée par Moïse, l'Ecriture ajoute au verbe bénir celui de garder, (No 6:24) ou qu'elle exhorte celui qui croit être debout à prendre garde de ne pas tomber! (2 Co 10:12) Car se croire solide et fort, c'est déjà mordre la poussière, puisque orgueil et prétention précèdent toujours la chute!

Le défi de l'Assyrie

Impuissant, Ezéchias a été témoin des conquêtes de Salmanasar, roi d'Assyrie, qui a envahi le Royaume d'Israël. (2 R 18:9-10) Désormais les dix tribus du Nord sont vassales du roi d'Assyrie, qui les déporte dans la région de Ninive. (2 R 18:11-12) L'ennemi s'est arrêté aux portes de Juda, mais ce n'est qu'un sursis. Dix ans plus tard, Sanchérib – le successeur de Salmanasar – pénètre en Juda et assiège les villes fortes. (2 R 18:13) Que peut faire Ezéchias devant la puissance politique qui dès lors fait trembler le monde et s'impose à tout le Moyen-Orient?

Il semble qu'il ait eu d'abord un réflexe de crainte et de faiblesse puisqu'il envoya à Sanchérib une délégation lui proposant tribut et allégeance. Il lui offrit même les lames d'or de la maison de l'Eternel pour l'amadouer. (2 R 18:13-16)

Mais un geste de faiblesse ne peut que stimuler l'adversaire, et ce n'est pas le compromis qui le fera reculer! Aussi Ezéchias se ressaisit, reprend courage, tient conseil avec ses chefs et organise la résistance de Juda: (2 Ch 32:5a) "Pourquoi les rois d'Assyrie trouveraient-ils à leur arrivée des eaux en abondance?" Sitôt dit, sitôt fait: toutes les sources hors de la ville sont bouchées, la muraille est reconstruite, une deuxième enceinte est érigée, la forteresse de Millo est consolidée, alors qu'armes et boucliers sont réquisitionnés. (2 Ch 32:3-5)

Ezéchias s'adresse au coeur de ses fantassins: "Fortifiez-vous et ayez du courage... Ne soyez pas effrayés par le roi d'Assyrie et devant la multitude qui est avec lui; car avec nous il y a plus qu'avec lui. Avec lui est un bras de chair, et avec nous l'Eternel, notre Dieu, qui nous aidera et qui combattra pour nous". (2 Ch 32:6-8)

"La victoire qui triomphe du monde, c'est notre foi", (1 Jn 5:4) écrivait l'apôtre. Une vérité si souvent expérimentée par les héros de l'Ancien Testament, et dont Ezéchias et son armée donnent une nouvelle démonstration. Mais leur foi sera mise à l'épreuve durant des mois de tension. Et tout d'abord lorsque Sanchérib, absorbé par le siège de la ville de Lakis, (2 R 18:17-35, 2 Ch 32:9-15) envoie son fin diplomate Rabschaké pour intimider les défenseurs de Jérusalem.

La tactique de notre ennemi

Peut-être convient-il d'observer ici les méthodes utilisées par Rabschaké, parce qu'elles reflètent celles de Satan lorsqu'il cherche à ébranler l'enfant de Dieu :

1. La séduction
Il rappelle certaines vérités pour bercer d'illusions ses auditeurs, donnant ainsi du poids à son argumentation: Les prophètes juifs n'avaient-ils pas averti que le secours de Pharaon n'est que vanité  (Es 30:3,7) Et Rabschaké renchérit en le traitant de "roseau cassé qui perce la main de quiconque s'appuie dessus". (2 R 28:21; Es 36:6-9)

2. Le mépris (cf. Né 4:4; 1 S 17:42 -44)
Il ridiculise la sincérité de notre vie spirituelle: "Peut-être me direz-vous: c'est en l'Eternel, notre Dieu, que nous nous confions. Mais n'est-ce pas lui dont Ezéchias a fait disparaître... les autels?" (2 R 18:22, Es 36:15-20)

3. La flatterie (cf. Da 22:32)
Il flatte la force naturelle, la prétention humaine: "Je te donnerai deux mille chevaux, si tu peux fournir des cavaliers pour les monter". (2 R 18:23, Es 36:8)

4. Un défi
Il cherche à saper l'unité spirituelle des croyants: "qu'Ezéchias ne vous abuse point..." (2 R 18:29; Es 36:4)

5. Une prétention
Il fait croire que l'Eternel l'a chargé de mission: (cf. 2 Co 11:13-15) "D'ailleurs, est-ce sans la volonté de l'Eternel que je suis monté contre ce lieu pour le détruire? L'Eternel m'a dit: monte contre ce pays et détruis-le !" (2 R 18:25; Es 36:10; cf. 2 Co 11:13-15)

6. Une stratégie (cf. Ge 12:10)
Il veut nous arracher du terrain des promesses et de la vocation pour nous faire descendre sur celui du monde : "Jusqu'à ce que je vienne, et que je vous emmène dans un pays comme le vôtre, un pays de blé et de vin..." (2 R 18:31-32; Es 36:16-17; cf. 2 Pi 1:10)

7. L'intimidation
Il fait trembler les croyants (2 R 18:27-28; Es 36:12) en assimilant Dieu à d'impuissantes divinités païennes qui n'ont pas su protéger leurs adorateurs: "Où sont les dieux de..." (2 R 18:27-28; 33-35; Es 36:6)

Rabschaké n'a rien négligé pour saper la confiance que le peuple porte à Ezéchias. Il veut faire trembler les soldats assemblés sur les murailles de Jérusalem, et lorsque l'un des chefs de Juda l'engage à s'exprimer en araméen, il rétorque avec audace en "langue judaïque": "Est-ce à ton maître et à toi que mon maître m'a envoyé dire ces paroles? N'est-ce pas à ces hommes assis sur la muraille pour manger leurs excréments et boire leur urine avec vous"? (2 R 18:27; Es 36:12) Et de reprendre de plus belle son arrogant discours, engageant cette fois les militaires de Juda à se révolter contre leurs officiers! (2 R 18:27-35; Es 36:13-20)

Comment les Judéens ont-ils réagi à ces insultes? L'attitude des serviteurs d'Ezéchias est un modèle pour nous qui sommes également exposés à la vindicte d'un adversaire plus fort que nous. Rabschaké s'est trouvé fort déconfit par l'absence d'argumentation des chefs de Juda qui, sur l'ordre du roi, ont gardé le silence. (2 R 18:26,27,36; Es 36:21; cf. Jos 6:10) Or très souvent la foi s'affirme au travers d'un opiniâtre mutisme, alors que la discussion nous expose à Satan, comme elle livra Eve au serpent. (1 Ti 6:20; Ge 3:16)

La victoire de la foi

Lorsque les chefs de Juda revinrent au palais, les vêtements déchirés, (2 R 19:1; Es 36:22) le roi sollicita le concours du prophète Esaïe; il le pria de l'accompagner au Temple pour plaider leur cause devant l'Eternel. (2 R 19:1-3; 2 Ch 32:20) Ezéchias donne la démonstration de sa foi en l'Eternel son seul secours, dans cette prière: "Peut- être l'Eternel a-t-il entendu... Peut-être l'Eternel exercera-t-il ses châtiments..." (2 R 19:4; Es 37:4)

Et la réponse d'en haut ne tarde pas. Esaïe revient auprès d'Ezéchias, porteur d'un message précis: "Ne t'effraye point... je vais mettre en lui (Sanchérib) un esprit tel que, sur une nouvelle qu'il recevra, il retournera dans son pays; et je le ferai tomber par l'épée dans son pays". (2 R 19:6-7; Es 37:6-7)

Ces promesses si rassurantes n'ont cependant pas fait disparaître l'armée assyrienne. Le texte nous apprend que le roi Thiraka d'Ethiopie s'est mis en route contre elle avec un million d'hommes. ( 2 R 18:8-9; Es 37:9) Mais Sanchérib ne s'avoue pas vaincu pour autant: il envoie une seconde fois Rabschaké auprès des défenseurs de Jérusalem. Cette fois, il est porteur d'une lettre d'insultes adressée à Ezéchias, sur le thème "ne t'imagine pas que tu échapperas... ton Dieu n'aura pas la force de te délivrer"!

Ezéchias s'est rendu à la maison de l'Eternel. Il a déployé la lettre d'insultes devant Dieu, (2 R 19:14-19; Es 37:14-20) et a plaidé la cause de son peuple: "Eternel, écoute... regarde... entends... délivre..." En outre, il a envoyé des messagers à Esaïe le prophète: "Ce jour est un jour d'angoisse, de châtiment et d'opprobre; car les enfants sont prêts de sortir du sein maternel, et il n'y a point de force pour l'enfantement" (2 R 19:3; Es 37:3). Mais Esaïe, revêtu de l'Esprit saint, rassure Ezéchias en lui faisant part de l'exaucement de sa prière:
"L'Eternel a entendu... Il a tout vu... Il a préparé ces choses de loin... Il sait quand Sanchérib s'assied et quand il se lève... il voit qu'il est furieux contre l'Eternel" (2 R 19:21-37). Dieu l'obligera à faire demi-tour.

Plus, il laissera les propres fils du roi l'assassiner dans sa capitale! (Es 37:21-35) Et non seulement Dieu protégera Jérusalem et rétablira l'agriculture en Juda, mais le jour viendra où – véritable promesse messianique – le peuple portera encore du fruit pour son Dieu: "Ce qui aura été sauvé de la maison de Juda, ce qui sera resté poussera encore des racines par-dessous et portera du fruit par-dessus". (2 R 19:30; Es 37:30)

Quel merveilleux enseignement! D'abord les racines dessous, puis le fruit dessus. L'attaque de Sanchérib a approfondi la foi d'Ezéchias et celle de tout Juda. Maintenant, après l'épreuve, cette foi va engendrer la vie, et le monde en sera béni. Et nous voici transplantés en plein environnement néo-testamentaire: "Le Dieu de toute grâce, qui vous a appelés en Jésus-Christ à sa gloire éternelle, après que vous aurez souffert pour un peu de temps, vous perfectionnera lui-même, vous affermira, vous fortifiera, vous rendra inébranlables". (1 Pi 5:10)

Tout Réveil authentique est éprouvé sous le feu de l'opposition virulente de l'ennemi des âmes. Mais tout Réveil authentique suscite, au travers de cette épreuve, des géants de la foi dont la stabilité édifie l'Eglise tout entière et glorifie le Seigneur. Ah, qu'il suscite d'autres Ezéchias, aujourd'hui même!

5. Les faiblesses humaines en dépit du Réveil

Faiblesse physique:  Ezéchias gravement malade

Ezéchias a été le témoin d'extraordinaires interventions de Dieu : Rabschaké avait à peine achevé sa mission d'intimidation que l'ange de l'Eternel décimait 185 000 hommes dans le camp des Assyriens: "Le matin, voici tout le monde est des cadavres morts". (2 R 19:36; Es 37:38 litt.) Et Sanchérib n'eut même pas à ordonner la retraite. Il s'enfuit précipitamment à Ninive et là, tandis qu'il cherchait du réconfort auprès de ses dieux, ses propres fils le poignardèrent. (2 R 19:36-37; Es 37:37-38, Ga 6:7) Ah, ce n'est pas impunément qu'on se moque du Dieu des cieux et qu'on le défie!

Mais une épreuve n'arrive jamais seule. Sanchérib n'est que le représentant d'un ennemi qui ne s'avoue jamais battu. La victoire publique et spectaculaire que Satan ne peut remporter sur les champs de bataille, il cherche à l'obtenir par ses assauts répétés contre le croyant dans sa vie personnelle. (cf. Ep 6:13) Encore un enseignement dispensé par ces chapitres, auquel nous ferions bien de prendre garde.

Alors que le deuxième Livre des Chroniques nous donne de nombreux détails sur les réformes d'Ezéchias, ce sont les récits conjoints du deuxième Livre des Rois et du prophète Esaïe qui fournissent le plus d'indications sur les événements consécutifs à l'invasion de Sanchérib.

Au moment de l'invasion assyrienne ou juste après, Ezéchias tombe gravement malade, (2 R 20:1; Es 38:1) et c'est peut-être de son lit qu'il apprend l'intervention de Dieu dans le camp des Assyriens. Il incombera alors au prophète Esaïe de prévenir Ezéchias de sa mort prochaine. Le roi intègre ne pourra donc même pas bénéficier des effets d'une paix retrouvée après la défaite de l'armée assyrienne. Que c'est injuste! pense sans doute le roi, tandis qu'il se retourne sur son lit et verse d'abondantes larmes...(2 R 20:2; Es 38:2)

N'avons-nous jamais pensé que Dieu devrait tenir compte de notre intégrité ou de nos actes de courage et nous permettre de jouir de nos succès! Mais les voies de Dieu ne sont pas les nôtres, et notre Père céleste sait toujours mieux ce qui nous est salutaire. Peut-être avait-il besoin d'Ezéchias dans ses palais à lui. Toujours est-il qu'en réponse à une pathétique prière où le roi de Juda gémit comme une colombe parce que sa vie est coupée comme le fil du tisserand, Dieu se laisse fléchir et accorde un sursis de quinze années (2 R 20:3-6; Es 38:5,9-14) au plus intègre des rois de Juda après David.

Le cantique qu'il compose à cette occasion est empreint de l'esprit de la résurrection: "Tu me rends à la vie... Tu as pris plaisir à retirer mon âme de la fosse de la destruction... Le vivant, c'est celui-là qui te loue, comme moi aujourd'hui..." (Es 38:15-20)

Faiblesse spirituelle: Ezéchias n'accepte plus la volonté de Dieu

Nous pouvons entonner les paroles les plus sublimes ou promettre comme Ezéchias: "Je marcherai humblement jusqu'au terme de mes années". (Es 38:15b) Cependant, pour nous comme ce fut le cas pour lui, "l'esprit est prompt, mais la chair est faible" (cf. Jn 6:63). Ezéchias ne s'est pas méfié de lui-même. Peut-être eût-ce été une protection pour lui que l'Eternel le recueille "dans ses parvis" (cf. Ps 84:11). Comme nous le verrons – car hélas, l'avenir le démontrera –, n'a-t-il pas en quelque sorte forcé la volonté de Dieu en ne se soumettant pas à son verdict?

Luther écrivait: "Prier, ce n'est pas chercher à vaincre la résistance de Dieu, c'est saisir sa bonne volonté." Il arrive que le croyant cherche à dicter à Dieu ce qu'il doit faire, parce qu'il n'accepte pas sa souveraine volonté. En décidant, au désert du Sinaï, d'envoyer des espions pour explorer Canaan, les Israélites montrèrent qu'ils n'avaient plus entière confiance dans les promesses de Dieu, car ils voulaient vérifier par eux-mêmes si le pays était bien celui où coule le lait et le miel dont Dieu avait parlé. Un courant d'opinion s'est frayé le chemin dans les esprits, et l'idée d'envoyer des espions a paru bonne même à Moïse. Mais cette expédition – qui dura 40 jours (cf. No 13:1-25; De 1:22-36) – n'était pas conforme à la volonté de Dieu qui finit par y consentir... comme il consentit à la requête d'Ezéchias. Cependant quel en fut le résultat: 40 années perdues dans le désert!

A la fin du pèlerinage d'Israël au désert, le devin Balaam joua également avec la volonté de Dieu: l'Eternel lui avait défendu de quitter son domicile pour se rendre auprès du roi de Moab et maudire le peuple hébreu. D'abord il refuse puis, lorsqu'une deuxième délégation le sollicite à nouveau, il répond: "Restez ici cette nuit, et je saurai ce que l'Eternel me dira encore". (No 22:19) Comme si Dieu changeait d'avis alors qu'il a prononcé son verdict! L'Eternel a alors consenti à ce que Balaam parte (No 22:20,35), mais ce n'était pas sa volonté. Le devin fut arrêté en chemin; (No 22:22-34) sur place, il fut incapable de maudire et ne put que bénir (No 23:8, 20; 24:3-9). Et le jour vint où il fut sévèrement châtié pour sa désobéissance et passé au fil de l'épée. (No 31:8)

Ah, que le Seigneur nous garde de vouloir lui imposer nos pensées, alors qu'il nous demande de prier en lui faisant confiance! Si Ezéchias avait accepté la volonté de l'Eternel qui se proposait de le reprendre à lui, il serait apparu à la postérité comme le meilleur des rois de Juda, comme un homme gardé intègre jusqu'au bout. En forçant le bon vouloir du Seigneur, le sursis de quinze ans qu'il lui a littéralement arraché laissera à sa nature propre tout le loisir de compromettre une marche jusqu'ici exemplaire, entachant ainsi la carrière d'un croyant auquel l'Eternel n'avait adressé aucun reproche pendant les premières années de son règne. Mais revenons au fil de notre récit:

Le prophète Esaïe qui vient d'annoncer au grand malade sa fin prochaine est encore dans la cour du palais que Dieu lui ordonne: "Retourne, et dis à Ezéchias: Ainsi parle l'Eternel... j'ai entendu ta prière, j'ai vu tes larmes. Voici je te guérirai; et le troisième jour, tu monteras à la maison de l'Eternel. J'ajouterai à tes jours quinze années. Je te délivrerai"... (2 R 20:4-6)

Il n'est pas opportun qu'un serviteur de Dieu, berger d'âmes, joue au médecin pour proposer des remèdes. Si, dans le cas particulier, Esaïe prescrivit de placer sur la plaie une masse de figues pour guérir l'ulcère d'Ezéchias, (2 R 20:7; Es 38:21) cela n'autorise pas pour autant celui qui aujourd'hui est appelé à réconforter l'esprit d'un malade à se prendre pour un Esaïe! Si les uns ont le don de pasteur, d'autres ont celui de médecin, ne l'oublions pas. Et un médecin n'est pas un "guérisseur" au sens utilisé de nos jours!

Fragilité de la foi: Ezéchias demande un signe

Lorsqu'on cesse de croire aux promesses de Dieu, il importe d'avoir des preuves tangibles de sa future intervention. Ezéchias délaisse donc le terrain de la foi pour s'engager sur celui de la raison. En demandant un signe de la part de Dieu, (2 R 20:8; Es 38:21) il veut voir pour croire, suivant ainsi les traces de Moïse qui redoutait de se présenter chez Pharaon, (Ex 4:1-9) ou de Gédéon qui se croyait trop faible pour affronter les Madianites. (Jg 6:36-40) Signes et miracles peuvent provoquer exclamations ou admiration, mais il est rare qu'ils suscitent la foi véritable. Preuve en sont les pharisiens au temps du Seigneur (Luc 11:29-30, Jn 12:37-43; 14:11) qui, témoins de tous ses miracles, refusèrent de croire en lui et le crucifièrent.

Et cependant dans sa patience, Dieu accorda à Ezéchias un signe. Prodigieux. Inexplicable du point de vue astronomique (2 R 20:10-11; Es 38:7-8, 22). Unique dans toute l'histoire du monde, exception faite de la mémorable journée de Josué, au cours de laquelle le soleil ne se hâta pas de se coucher. (Jos 10:11-14). Et encore, Dieu laissa à Ezéchias le choix du signe désiré : fallait-il qu'au Temple où il venait de se rendre l'ombre avance ou recule de dix degrés (2 R 20:9-11; Es 38:8) (sur le cadran solaire?) selon l'alternative proposée par Esaïe? (2 R 20:5c) Or l'Eternel accorda à Ezéchias le plus spectaculaire des prodiges, puisque l'ombre recula de dix degrés.

Faillite morale: Ezéchias succombe à l'orgueil

C'est alors qu'Ezéchias sombra dans l'orgueil. Il avait été "élevé aux yeux de toutes les nations" (2 Ch 32:23b) lorsque Dieu avait envoyé son ange pour frapper le camp des Assyriens. De nombreuses personnes avaient alors apporté des offrandes à l'Eternel et de riches présents au roi. (2 Ch 32:23a). Puis Dieu l'avait miraculeusement guéri, et pour lui le Créateur était même intervenu sur les lois immuables du cosmos réglant le mouvement des astres. Or nous lisons: "Ezéchias ne répondit pas au bienfait qu'il avait reçu, car son coeur s'éleva". (2 Ch 32:25)

Est-ce étonnant alors qu'il faillit lamentablement en ne discernant pas le danger que représentait pour Juda la délégation babylonienne venue s'informer du prodige qui avait eu lieu à Jérusalem? Ces messagers étaient porteurs d'une lettre de l'empereur Bérodac-Baladan – connu aussi sous le nom de Mérodach – qui avait assassiné le frère de Sanchérib et usurpé le pouvoir à Babylone. Cette délégation était venue pour observer les lieux faibles du pays, tout en achetant la confiance d'Ezéchias avec des présents et des félicitations pour ses succès. Sensible à leurs multiples flatteries, ce dernier leur montra tous ses trésors... pour encourir ensuite les sévères reproches de son confident Esaïe. Cependant, quand le prophète l'avertit de la future invasion du roi de Babylone qui devait emmener le peuple de Juda captif en Chaldée – une prophétie qui, il est vrai, ne se réalisera que 120 ans plus tard – Ezéchias n'y prit même pas garde: "La parole de l'Eternel, que tu as prononcée, est bonne, car... il y aura paix et sécurité pendant ma vie"! (2 R 20:12-19; 2 Ch 32:31; Es 39:2) Réflexe égoïste d'un homme qui ne pense qu'à lui et ne prépare ni ses descendants ni son peuple aux malheurs qui l'attendent!

A l'heure où est en gestation la Grande Babylone (Ap 17-18) – ce système politico-économique par lequel l'Antéchrist gérera toute la Planète (2 Ch 35:26), ne devrions-nous pas à notre tour nous méfier des "cadeaux" et des "félicitations" que les "envoyés" de cette nouvelle Babel portent jusque dans nos foyers, notre entourage immédiat... ou nos églises ?

Faillite spirituelle: Ezéchias prépare mal l'avenir

Ezéchias ne se soucie guère des malheurs annoncés pour ses descendants. Après s'être inquiété du sort de Juda à la merci des coups de boutoir de l'Assyrie, la menace de Babylone ne le préoccupe guère. Il est devenu égoïste: Pourvu qu'il y ait paix sa vie durant, tout le reste est pour lui insignifiant! Et nous sommes tous les mêmes: tant que la menace s'éloigne ou paraît distante, nous nous complaisons dans notre tour d'ivoire. Et tant pis pour les victimes des atrocités de l'heure... ou le spectre des incertitudes qui hante la génération montante!

Il est vrai qu'Ezéchias s'humiliera à cause de son orgueil (cf. 2 R 21:1). Mais lorsqu'un plan de Satan échoue, il en a d'autres en réserve. Trois ans après le signe spectaculaire et le bienfait que Dieu lui a accordés, il engendre Manassé, (2 Ch 33:1) le futur roi de Juda, qui régnera à Jérusalem pendant 55 ans. Or Manassé sera le pire de tous les monarques de la lignée de David.

Pendant les douze premières années de sa vie, alors que son caractère n'était pas encore trempé, le jeune Manassé n'eut pas sous les yeux l'exemple d'un père marchant avec Dieu, quoiqu'il ait joui jusqu'alors de la réputation d'un homme intègre. Ah, la responsabilité des parents et des grands- parents chrétiens, lorsqu'ils sont devenus inconséquents avec leur profession de foi dans leurs actes accomplis devant leurs enfants ou leurs petits-enfants!

Que valait alors le souvenir des actes de bravoure d'Ezéchias ou celui de ses performances techniques – comme la construction du canal souterrain (2 R 20:20; 2 Ch 32:30; cf. Es 22:11) assurant l'approvisionnement de Jérusalem en eau potable – canal qui existe encore de nos jours? Que restait-il devant le Seigneur de ses décisions des premiers jours, de ses remarquables prières, de ses actes de foi au moment où tout semblait perdu, alors que l'édifice spirituel péniblement construit au cours des années s'écroulait lamentablement?

L'auteur de ces lignes se serait bien passé d'évoquer la triste fin de ce glorieux règne... mais n'est-il pas écrit que "tout" dans l'Ancien Testament "a été écrit d'avance pour notre instruction"? (Ro 15:4)

Faiblesse humaine... mais malgré tout, puissance divine!

Revenons donc au Réveil qui, malgré tout, a dominé la carrière d'Ezéchias. Le Réveil ne supprime pas les faiblesses humaines; le chrétien, s'il n'y veille pas, demeure toujours vulnérable aux attaques de l'adversaire et surtout à la tentation de se prendre trop au sérieux. (cf. 1 Pi 5:5-6). Combien souvent au cours des siècles, d'authentiques Réveils – tels des navires en perdition – se sont échoués lamentablement sur les récifs de l'ambition et des manoeuvres intéressées de ceux qui voulaient profiter du Réveil sans en payer le prix? A moins que, déviant de sa route en ne suivant plus les sages directives de l'Ecriture sainte, l'Eglise se soit fait prendre dans la houle des expériences extatiques, ou qu'elle ait sombré dans des déviations doctrinales, voire dans les hérésies dont notre époque est si féconde!

S'il n'est pas possible de perpétuer un mouvement de Réveil ou de prolonger artificiellement un acte découlant exclusivement du Souverain des cieux, l'authenticité d'un Réveil se prouve néanmoins par les vies qu'il transforme, les oeuvres qu'il produit et les vocations qu'il engendre. Des vocations qui, elles, continuent à porter du fruit à la gloire du Seigneur!

L'époque d'Ezéchias fut une phase lumineuse, avant une longue nuit, celle du règne de Manassé. A vrai dire, Dieu n'a pas seulement prolongé de quinze ans la vie d'Ezéchias, puisque après la déportation d'Israël en Assyrie, il accorda encore environ 120 ans de grâce à Juda, avant sa déportation à Babylone. Or n'y avait-il pas comme un précédent à ces 120 ans de grâce, si l'on considère la promesse faite à Noé avant le déluge, pour lui laisser le temps de construire son arche? (Ge 6:3) De tels rayons d'espérance sont d'autant plus éclatants que nous sommes entrés dans une période sombre où se lèvent un peu partout d'iniques "Manassé", fossoyeurs de la foi authentique, qui poussent à l'abandon des vraies valeurs et ouvrent les vannes d'une débâcle morale, sans précédent dans l'histoire! Où sont donc aujourd'hui les "Ezéchias" intègres qui remonteront le courant et ouvriront à nouveau "les portes de la maison de l'Eternel"?

 


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