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La gloire du Ciel

La vérité sur le Ciel, les anges, la vie éternelle

John MacArthur - Editions La Maison de la Bible

Chapitre 2. Le Ciel n'est pas la Terre, partie 1.

Les excursions au ciel ne sont pas le domaine exclusif des sectes et du Nouvel Age. Dans les émissions de télévision "chrétiennes", les récits fantastiques des voyages célestes se multiplient. Ainsi, Richard Eby a été invité de nombreuses fois sur TBN (Trinity Broadcasting Network), où il explique comment il a visité aussi bien le ciel que l'enfer. A chaque fois qu'il vient raconter son histoire, il semble l'embellir et la colorer de nouveaux détails, qui ont surtout la particularité de ne pas être bibliques.

Eby a même écrit un livre sur ses expériences célestes, intitulé Caught up in Paradise. Il raconte comment il est tombé la tête la première du haut de son balcon au deuxième étage. Il dit avoir été emmené au ciel, où il avait un corps transparent et la capacité de flotter autant qu'il le désirait.

Eby affirme que durant un voyage en Terre Sainte, qui fut sponsorisé par TBN, il a eu également la possibilité de visiter l'enfer. Alors que le groupe dans lequel il se trouvait était en train de visiter la tombe de Lazare à Béthanie, Eby remarqua que la lumière du lieu s'assombrissait soudain. C'est alors qu'il réalisa que Jésus se tenait à côté de lui. Voici ce qu'il écrit: "J'ai entendu la même Voix merveilleuse qui m'avait parlé du nuage, alors que je me trouvais dans ma chambre d'hôpital cinq années auparavant: "Mon fils, je t'ai montré le ciel, maintenant je te ferai voir l'enfer. Tu dois connaître les deux" .

Cette visite de l'enfer ne dura que deux minutes, mais Eby dit que cela était pleinement suffisant. D'après lui, l'enfer n'est pas un lac de feu; au contraire, il est froid et humide: "Le genre [de froid] qui glace chacune des cellules de votre corps, au point de vous rendre malade; un froid suffisant pour vous faire mal, mais sans engourdir vos membres. Il n'y avait absolument aucun moyen de se réchauffer dans cette fosse humide! Et l'odeur! Horrible, fétide, nauséabonde, pourrie, mauvaise ... le tout mêlé et concentré", nous dit Eby. "D'une manière ou d'une autre, je sus immédiatement que ces odeurs étaient celles de mes compagnons qui se trouvaient dans la fosse. Il y avait là des démons rampants qui empestaient et qui semblaient se délecter de ma souffrance". Eby s'en retourna ainsi de la tombe de Lazare et du royaume des morts avec une histoire qui est certainement plus fantastique que toutes celles que Lazare lui-même a pu raconter sur l'au-delà! Ces dernières années, les descriptions très pittoresques de l'enfer ont valu à Eby d'être invité de nombreuses fois, presque autant que pour ses visions du ciel.

Pour l'amour du ciel – ou pour celui de la terre?

Il y a quelques années, j'ai écrit un livre sur le mouvement charismatique. J'y examinais les affirmations de plusieurs visionnaires charismatiques qui prétendent avoir vu le ciel (ou l'enfer), et qui ne vivent que pour raconter leur histoire. L'un d'entre eux était Roberts Liardon, qui dit avoir fait au moins trois visites au ciel – toutes les trois avant l'âge de douze ans. Il est maintenant pasteur d'un mouvement charismatique. Il participe à de nombreuses conférences, durant lesquelles il raconte de manière détaillée ses multiples visites au ciel.

Liardon aurait appris une information de première importance durant son voyage céleste, à savoir qu'il y a au ciel des sortes de vastes entrepôts remplis de membres humains, qui attendent que les personnes sur la terre les revendiquent avec foi. Vous avez besoin d'une nouvelle paire d'yeux? D'après Roberts Liardon, vous pourriez vous les procurer auprès des entrepôts célestes si vous aviez suffisamment de foi. Liardon aurait fait avec Jésus une visite guidée de ces magasins, situés "à quelques centaines de mètres du trône de Dieu", dit-il. La scène qu'il dépeint est complètement surréaliste:

Nous sommes entrés dans le premier [entrepôt]. Comme Jésus fermait la porte derrière nous, je regardai à l'intérieur. J'étais absolument choqué !
Sur un côté du bâtiment étaient disposés des bras, des doigts, des jambes accrochées le long des murs et d'autres parties du corps. Cependant, la scène tout entière avait l'air complètement naturelle et pas du tout morbide. De l'autre côté du bâtiment, j'aperçus de petits paquets d'yeux soigneusement rangés: il y en avait des verts, des bleus, des bruns, etc.
L'entrepôt semblait contenir toutes les parties du corps humain dont les gens sur terre peuvent avoir besoin. Mais, malheureusement, ils n'ont pas réalisé que ces bénédictions les attendaient au ciel.... Et elles sont autant pour les saints que pour les pécheurs.

D'après Liardon, Jésus dit: "Voici, tout cela représente les bénédictions qui n'ont pas été revendiquées. Cet entrepôt ne devrait pas être plein, il devrait se vider tous les jours. Les gens devraient venir ici avec foi et repartir avec les membres dont ils ont besoin pour eux-mêmes et pour ceux de leur entourage."

Le ciel de Roberts Liardon existe pour servir des objectifs humains. Bien que le message de Liardon soit centré sur le ciel, son propos est invariablement orienté vers la terre. Liardon dit qu'il existe au ciel un grand stade où les habitants célestes vont regarder ce qui se passe sur la terre. Il dit que si Jésus l'a amené là, c'était en réalité pour lui confier une mission terrestre. La visite guidée du ciel que Liardon a effectuée incluait de petits plaisirs tels que des jeux d'eau avec Jésus dans le fleuve de la vie.

Liardon va jusqu'à dire que l'un de ses voyages au ciel est intervenu alors qu'il regardait un feuilleton télévisé. De retour dans son salon après un court séjour céleste, Liardon vit Jésus qui se leva et sortit, puis "la télévision se remit à fonctionner, et je continuai à regarder la suite de l'épisode".

Le ciel de ces visions est un endroit plutôt décevant et à l'image de la terre. D'ailleurs, il serait dépendant des intérêts terrestres. Bien loin d'obéir au commandement biblique qui nous appelle à fixer nos pensées et nos affections sur les choses d'en haut, ce genre d'enseignement suggère en fait que le ciel lui-même se préoccupe beaucoup des réalités terrestres, et que les valeurs les plus élevées au ciel ne sont que les biens terrestres. La vision du ciel selon Liardon aboutit à un ensemble d'absurdités qui n'ont rien à voir avec la vérité. Une approche aussi fantaisiste des réalités célestes n'est en rien plus spirituelle qu'un matérialisme déclaré.

Des affections bien terrestres

Bien que des visions célestes comme celles de Betty Eadie ou de Roberts Liardon soient très répandues, de nos jours c'est principalement le matérialisme qui fausse notre perspective du ciel. Même si les visions mystiques du ciel causent des dégâts considérables dans l'esprit des gens qui s'y attachent, un nombre bien plus grand de personnes se laissent emporter par la vague de matérialisme de notre génération et perdent ainsi toute vision claire du ciel.

Soyons honnêtes: le matérialisme n'est pas seulement le problème des païens. Une analyse du monde évangélique aux Etats-Unis nous révèle que le matérialisme se porte bien parmi les chrétiens. Nous avons maintenant des hyperéglises, équipées de matériel high-tech et proposant des spectacles avec de nombreux effets spéciaux, qui sont devenues de véritables centres de loisirs. Vous y trouverez des centres de remise en forme et de cure thermale, des pistes de bowling, et même des boutiques d'alimentation. Certaines églises se soucient plus du confort matériel de leurs brebis que de leur vocation céleste. Dans un tel contexte, il n'est pas surprenant que les croyants ne comprennent plus que le matérialisme est un péché.

Nous vivons à une époque où l'on recherche une gratification immédiate. Aucune autre génération avant la nôtre n'a eu autant de moyens pour assouvir ses désirs charnels de manière instantanée, ici et maintenant. Grâce à des cartes de crédit, par exemple, nous pouvons acquérir ce que nous ne pourrions nous permettre autrement, voyager plus loin que nous ne l'aurions jamais rêvé, et, de manière générale, vivre au-dessus de nos moyens. Nous ne paierons que plus tard. La fréquence de dettes dues à une utilisation mal maîtrisée de cartes de crédit est tout à fait symptomatique d'une attitude qui revendique "Je veux ce que je veux quand je le veux!" La pensée de notre temps va à l'encontre de plaisirs différés, quels qu'ils soient. Nous avons choisi la gratification instantanée, et nous sacrifions l'avenir sur l'autel de l'immédiat.

Là encore, beaucoup de chrétiens choisissent de suivre la tendance du moment. Plutôt que de fixer leurs regards et leur cœur sur les réalités d'en haut, ils s'attachent aux plaisirs de cette vie. Il est bien trop facile d'être absorbé par les choses temporelles et de négliger celles qui sont éternelles. Nombreux sont ceux qui consument toute leur énergie à accumuler des biens qui promettent une gratification immédiate. Mais, au bout du compte, toutes ces choses – et les plaisirs qu'elles apportent – périront. C'est la raison pour laquelle l'Ecriture nous invite à amasser nos trésors au ciel, où ils ne pourront être détruits et où ils ne passeront jamais. Mais, ayant perdu de vue la douceur de la cité céleste, de nombreux chrétiens s'affairent dans un ici et maintenant dévastateur.

Pire encore, certains ministères médiatisés de haut vol, prêchant un évangile de la prospérité, ont donné aux multitudes la désastreuse impression que cela était l'essence du christianisme. Il promettent au gens la santé, la richesse et le succès. Un tel enseignement est extrêmement populaire parce qu'il correspond bien à l'esprit de notre époque – le désir de tout avoir dans cette vie, et tout de suite. Roberts Liardon fait partie de ce mouvement, et cette mentalité prospérité-richesse-santé a perverti sa vision du "ciel".

Puisque l'Eglise ne se préoccupe plus vraiment du ciel, elle devient laxiste, égoïste, matérialiste et faible. Le confort du moment absorbe une trop grande partie de nos pensées, et, si nous n'y prenons garde, nous en viendrons inévitablement à inventer de nouvelles fantaisies sur le ciel – ou alors nous ne penserons plus au ciel du tout.

La majeure partie de ce livre sera consacrée à une étude approfondie de la description biblique du ciel, des anges et de l'au-delà. J'espère qu'après avoir examiné soigneusement ce que l'Ecriture enseigne sur le monde spirituel, nous retrouverons le désir de "[chercher] les choses d'en haut, où Christ est assis à la droite de Dieu" (Col 3:1).

Le trésor du ciel

En réalité, tout ce qui nous est vraiment cher, à nous, chrétiens, se trouve au ciel.

Le Père est au ciel, et c'est la raison pour laquelle Jésus nous a appris à prier "Notre Père qui es aux cieux! Que ton nom soit sanctifié" (Mt 6:9). Jésus lui-même est assis à la droite du Père. Hébreux 9:24 nous dit que "Christ n'est pas entré dans un sanctuaire fait de main d'homme, en imitation du véritable, mais il est entré dans le ciel même, afin de comparaître maintenant pour nous devant la face de Dieu". Notre Sauveur se trouve donc au ciel, où il intercède en notre faveur (Hé 7:25).

De nombreux frères et sœurs en Christ sont également au ciel. Hébreux 12:23 nous apprend que, lorsque nous nous sommes tournés vers Dieu, nous nous sommes approchés de "l'assemblée des premiers-nés inscrits dans les cieux, du juge qui est le Dieu de tous, des esprits des justes parvenus à la perfection". Nos bien-aimés dans la foi qui nous ont quittés sont au ciel.

Tous les croyants de l'Ancien et du Nouveau Testament qui sont morts sont maintenant au ciel. Nos noms sont écrits au ciel. En Luc 10:20, Jésus dit à ses disciples, qui se réjouissaient de pouvoir chasser des démons: "Ne vous réjouissez pas de ce que les esprits vous sont soumis; mais réjouissez- vous de ce que vos noms sont écrits dans les cieux". En nous disant que nos noms sont écrits dans les cieux, Christ veut nous donner l'assurance que nous avons un titre de propriété en bonne et due forme au ciel. Ce sera notre héritage. Nous sommes régénérés en Christ "pour un héritage qui ne peut ni se corrompre, ni se souiller, ni se flétrir; il vous est réservé dans les cieux" (1 Pi 1:4).

"Nous, nous sommes citoyens des cieux", nous dit Philippiens 3:20. Autrement dit, nous appartenons au ciel. Nous ne sommes que des "étrangers et voyageurs sur la terre" (Hé 11:13). Notre but n'est donc pas la simple accumulation de richesses ici-bas. Jésus dit que notre vrai trésor, le seul que nous posséderons éternellement – notre récompense éternelle – se trouve au ciel (Mt 5:12; 6:19-21).

En d'autres termes, tout ce que nous devrions aimer durablement, tout ce qui a de la valeur à nos yeux, tout ce qui est éternel est au ciel.

Le laisser-aller et le matérialisme au sein de l'Eglise conduisent à une attitude spirituelle des plus destructrices. Ils anéantissent tout ce que l'Eglise est censée représenter. Ils arrachent les chrétiens à leurs amarres célestes. Et ils les rendent à l'image de ce monde. Il est vrai que l'on peut paraître un peu dépassé par son temps en parlant d'attachement aux choses de ce monde. De nombreuses personnes vous trouveraient étroit d'esprit, légaliste et vieux jeu. Nos grands-parents avaient entendu des sermons sur "le péché" qui provient de l'attachement aux choses de ce monde. Mais nous, nous nous croyons trop avancés, trop sophistiqués pour être concernés par de telles peccadilles. Le vrai problème cependant est que nous ne sommes pas conscients de la valeur du trésor céleste, c'est pourquoi nous ne voyons pas la gravité du péché d'attachement aux choses de ce monde.

Cela est l'essence de ce que l'on pourrait appeler la mondanité chrétienne : elle comprend l'amour des choses du monde, une haute appréciation des valeurs terrestres et des préoccupations tournées vers les biens de ce monde. L'Ecriture appelle cela clairement un péché – et un péché de la pire espèce. En effet, on peut le considérer comme une forme d'adultère spirituel qui tourne l'homme contre Dieu lui-même: "Adultères que vous êtes! ne savez-vous pas que l'amour du monde est inimitié contre Dieu? Celui donc qui veut être ami du monde se rend ennemi de Dieu" (Ja 4:4).

Il m'est arrivé d'entendre des chrétiens dire qu'ils ne veulent pas aller au ciel avant qu'ils n'aient profité de tous les plaisirs que le monde peut offrir. Lorsque toutes les joies terrestres ont été épuisées, ou lorsque l'âge ou la maladie commencent à entraver leurs plaisirs, alors seulement ils se sentent prêts pour le ciel. "Oh Dieu, s'il te plaît, ne m'emporte pas encore au ciel", prient-ils ardemment. "Je ne suis même pas encore allé à Hawaii!"

Mais si vous vivez votre vie sans cultiver un amour pour les choses d'en haut, vous ne serez jamais en mesure d'aller au ciel. L'Ecriture nous dit en effet : "N'aimez point le monde, ni les choses qui sont dans le monde. Si quelqu'un aime le monde, l'amour du Père n'est point en lui; car tout ce qui est dans le monde, la convoitise de la chair, la convoitise des yeux, et l'orgueil de la vie, ne vient point du Père, mais vient du monde. Et le monde passe, et sa convoitise aussi; mais celui qui fait la volonté de Dieu demeure éternellement" (1 Jn 2:15-17).

Certaines personnes, qui affirment pourtant connaître Christ, aiment en réalité tellement le monde que, très franchement, il y aurait de bonnes raisons de se poser la question s'il est possible qu'elles aillent jamais au ciel. Comme un vieux cantique le dit bien, "tous ceux qui parlent du ciel n'y vont pas forcément".

Il est toutefois triste de constater que tous ceux qui, certes, iront au ciel en parlent si peu. "Il ne faut pas, mes frères, qu'il en soit ainsi" (Ja 3:10). L'espérance du ciel devrait nous remplir d'une joyeuse expectative qui libère nos cœurs de ce monde, dont la figure passe.

Ce monde n'est PAS ma demeure

Ceci peut sembler paradoxal, mais le ciel devrait être au centre de la vision chrétienne du monde. Le terme vision du monde a énormément gagné en popularité depuis une bonne centaine d'années. Ce terme renvoie à un schéma global qui comprend divers aspects – moral, philosophique ou spirituel – et à travers lequel nous interprétons le monde et tout ce qui nous entoure. Que l'on en soit conscient ou pas, chacun possède une vision du monde.

Une vision du monde à proprement parler chrétienne a la particularité unique d'être tournée vers le ciel. Même si certains la tourneraient en ridicule et la qualifieraient de "besoin d'évasion", une telle vision du monde est, après tout, un commandement de l'Ecriture: "Attachez-vous aux choses d'en haut, et non à celles qui sont sur la terre" (Col 3:2). L'apôtre Paul, qui a écrit ces mots, n'a certainement pas essayé de s'évader de la réalité.

En réalité, Paul est un merveilleux exemple de la bonne attitude d'esprit à l'égard du ciel et de la terre. Paul a vécu une persécution farouche sur la terre, et pourtant, il n'a jamais perdu de vue le ciel. Il nous dit que "nous sommes pressés de toute manière, mais non réduits à l'extrémité; dans la détresse, mais non dans le désespoir; persécutés, mais non abandonnés; abattus, mais non perdus; portant toujours avec nous dans notre corps la mort de Jésus, afin que la vie de Jésus soit aussi manifestée dans notre corps" (2 Co 4:8-10). Et il ajoute un peu plus loin: "C'est pourquoi nous ne perdons pas courage. Et même si notre homme extérieur se détruit, notre homme intérieur se renouvelle de jour en jour. Car nos légères afflictions du moment présent produisent pour nous, au-delà de toute mesure, un poids éternel de gloire" (vv. 16-17). En s'adressant à l'église qui est à Rome, il écrit : "J'estime que les souffrances du temps présent ne sauraient être comparées à la gloire à venir qui sera révélée pour nous" (Ro 8:18).

Paul dit en fait exactement ce que Pierre avait écrit aux croyants persécutés qui s'étaient dispersés : nous endurons les souffrances de ce monde pour l'amour de la gloire du ciel (1 Pi 1:3-7). Quelles que soient nos souffrances dans cette vie, elles sont incomparables avec la gloire de la vie à venir.

En d'autres termes, nous ne cherchons pas à échapper à cette vie en rêvant du ciel. Mais nous trouvons la force d'endurer cette vie en raison de la certitude du ciel. Le ciel est éternel. La terre est temporelle, et temporaire. Ce sont donc ceux qui attachent toutes leurs affections aux choses futiles de ce monde qui en réalité cherchent des échappatoires. Ils évitent de regarder l'éternité en face – en se cachant derrière les ombres furtives de choses qui demain ne seront plus.

Contrairement aux apparences, tout ce qui est visible et palpable dans ce monde a bien moins de substance et est bien moins permanent que les choses éternelles du ciel – que nous ne pouvons saisir que par la foi. Ainsi, l'apôtre Paul écrit: "Nous regardons, non point aux choses visibles, mais à celles qui sont invisibles; car les choses visibles sont passagères, et les invisibles sont éternelles. Nous savons, en effet, que si cette tente où nous habitons sur la terre est détruite, nous avons dans le ciel un édifice qui est l'ouvrage de Dieu, une demeure éternelle qui n'a pas été faite de main d'homme" (2 Co 4:18–5:1).

Je suis toujours étonné de rencontrer quelqu'un qui vit comme si cette vie était une réalité sans fin. Rien n'est plus clair que le caractère passager de la vie humaine. Le fait que le corps – ce tabernacle terrestre – va se dissoudre est tellement évident dès les premiers âges de la vie. Cette tente que nous habitons temporairement sera détruite. "Aussi gémissons-nous dans cette tente, désirant revêtir notre domicile céleste" (2 Co 5:2). De plus, "la création tout entière soupire et souffre les douleurs de l'enfantement" (Ro 8:22). Rien n'est permanent dans ce monde. Et cela devrait être évident pour tous ceux qui observent la nature des choses.

Nombreux sont ceux qui concluent, à tort, que la brièveté de la vie justifie un égoïsme et un hédonisme effrénés. Après tout, si la vie se réduit à ce que nous pouvons voir, ressentir et expérimenter ici et maintenant, pourquoi ne pas faire alors tout son possible pour tirer au mieux parti des plaisirs personnels? Une brasserie célèbre a même eu l'audace de faire une publicité pour de la bière en soulignant la brièveté de la vie: "Vous n'avez droit qu'à un seul tour. Alors, saisissez tout le plaisir que vous pouvez." Dans le même ordre d'idées, une marque de chaussures a lancé le slogan suivant: "La vie est courte. Jouissez-en." Comme ceci est éloigné des conseils de Jésus, qui nous invite à utiliser cette vie sur la terre pour nous amasser un trésor dans le ciel!

Si l'existence humaine se résumait uniquement à cette vie, ce serait vraiment une tragédie. Souvenez-vous de la chanson de Peggy Lee, Est-ce tout?, qui était populaire dans les années soixante:

Est-ce tout ce qu'il y a?
Est-ce tout ce qu'il y a?
Si c'est tout ce qu'il y a, mon ami,
Alors, continuons à danser,
Continuons à boire
Et continuons le bal,
Si c'est tout ce qu'il y a.

En tant que chrétiens, nous nous lamentons sur la futilité et le désespoir exprimés par cette chanson. Mais reconnaissons toutefois que la vision du monde que véhicule cette chanson n'est que la seule alternative logique au christianisme. Si notre existence est le produit du rien, et si elle conduira au néant, alors la vie en elle-même ne vaut guère plus. Si l'avenir est le néant, alors le présent l'est également. Nous ne sommes alors, selon l'expression d'un célèbre sceptique, rien d'autre qu'un protoplasme en passe de devenir engrais. Si tel est le cas, il n'y a aucune bonne raison pour ne pas manger, boire et nous réjouir en attendant l'heure de notre mort.

Mais l'Ecriture nous dit que cette vision-là du monde est celle d'un fou (Lc 12: 19-20). Il vaut bien mieux avoir une perspective éternelle! Je me rappelle avoir lu un récit de John Quincy Adams qui, lorsqu'on lui demandait vers la fin de sa vie s'il se portait bien, répondit: "John Quincy Adams va bien, monsieur. La maison dans laquelle il habite est vieille et délabrée, et il a reçu l'avis de son constructeur qu'il devrait l'évacuer bientôt. Mais John Quincy Adams va bien, monsieur."

Paul nous dit que lorsque le tabernacle terrestre de notre corps s'en sera allé, nous serons accueillis dans un bâtiment nouveau, celui de Dieu qui est au ciel. Pour compléter 2 Corinthiens 5:2, que j'ai cité plus haut, ajoutons que "nous gémissons dans cette tente, désirant revêtir notre domicile céleste". Romains 8:22 nous dit encore que nos corps, qui commencent à nous faire défaut alors que le temps passe, seront complètement rachetés lorsque nous serons au ciel. Nos gémissements cesseront lorsque nous serons finalement revêtus d'un corps céleste.

Ceci devrait suffire pour attacher nos espérances et nos cœurs au ciel, n'est-il pas vrai? Mon amie Joni Eareckson Tada le sait mieux que quiconque. Son corps fut paralysé de la tête aux pieds parce qu'elle avait plongé dans une eau peu profonde alors qu'elle n'était qu'une adolescente. Depuis que je la connais, son cœur est attaché au ciel. Cela transparaît dans ses conversations, dans ses chansons, dans ses messages radio, dans son travail artistique. Lorsqu'on parle avec elle, on a comme l'impression d'être attiré jusqu'à la frontière même du ciel, jusqu'au point où on pourrait presque le voir, tellement il est présent dans sa vie. Joni explique ceci dans son dernier livre sur le sujet:

J'éprouve toujours beaucoup de mal à y croire. Moi, qui ai des doigts flétris et recroquevillés, des muscles atrophiés, des genoux noueux, et qui ne ressens rien de la tête au pieds, un jour j'aurai un corps nouveau, léger, lumineux et revêtu de justice – un corps puissant et éblouissant...
Il m'est facile de me "réjouir en espérance", comme le dit Romains 12:12, et c'est exactement ce que je fais depuis les quelque vingt dernières années. L'assurance que j'ai du ciel est un sentiment tellement fort et tellement vivant, que j'ai pris rendez-vous avec mes amis pour que nous allions faire des tas de choses amusantes lorsque nous aurons de nouveaux corps... Je ne prends pas ces rendez-vous à la légère. J'ai la conviction que ces choses auront effectivement lieu.

L'Ecriture ne nous dit pas si l'apôtre Paul a pris des rendez-vous avec certaines personnes alors que ses regards étaient fixés sur le ciel. Il avait cependant la même vision et la même attente vivante et brûlante d'aller au ciel. Voyons ce qu'il dit dans sa lettre aux Corinthiens:

"Nous savons, en effet, que si cette tente où nous habitons sur la terre est détruite, nous avons dans le ciel un édifice qui est l'ouvrage de Dieu, une demeure éternelle qui n'a pas été faite de main d'homme. Aussi gémissons-nous dans cette tente, désirant revêtir notre domicile céleste, si du moins nous sommes trouvés vêtus et non pas nus. Car tandis que nous sommes dans cette tente, nous gémissons, accablés, parce que nous voulons, non pas nous dépouiller, mais nous revêtir, afin que ce qui est mortel soit englouti par la vie." 2 Corinthiens 5:1-4

Nous gémissons dans ce corps en raison du péché qui entrave notre marche, en raison de la maladie, de l'affliction et de la mort. Et pourtant, nous ne souhaitons pas que cet habit qui nous enveloppe nous soit enlevé. En d'autres termes, aucun de nous n'éprouve le désir de devenir un esprit désincarné. Ce n'est pas après cela que nous soupirons. Nous aspirons à ce que nos esprits autant que nos corps entrent dans la présence de Dieu. Et cela est également le plan de Dieu.

Certaines personnes ont un concept du ciel tout à fait spirituel, irréel et sublime. Elles envisagent une existence raffinée dans une dimension spirituelle onirique. Mais ceci ne correspond pas à la conception biblique du ciel. Au ciel, nous aurons de vrais corps – des corps transformés, des corps glorifiés et rendus semblables au corps du Christ ressuscité (Ph 3:21). Notre corps sera un corps réel, un corps éternel, autant que son corps était réel (cf. Jn 20:27). Et, lorsque mes genoux, et mon corps tout entier, seront enfin glorifiés, Joni Tada et moi irons ensemble faire un bon jogging. En fait, nous avons déjà pris rendez-vous.

Paul dit que "celui qui nous a formés pour cela, c'est Dieu, qui nous a donné les arrhes de l'Esprit" (2 Co 5:5). Le mot grec que nous traduisons par "arrhes" est le mot arrabon, le même mot que Paul a utilisé en Ephésiens 1:14 lorsqu'ils se référait au Saint-Esprit. En grec moderne, une forme grammaticale du mot arrabon désigne une bague de fiançailles. A l'époque du Nouveau Testament, il renvoyait à un paiement par avance, ou à une première traite lors de l'acquisition d'une chose – une garantie versée en espèces. Ainsi, le Saint-Esprit est le garant de la promesse de Dieu à notre égard qu'un jour nos corps seront transformés et rendus impérissables dans la gloire du ciel.

Pour Paul, cette vérité a une portée tout à fait pratique et concrète: "Nous sommes donc toujours pleins de confiance, et nous savons qu'en demeurant dans ce corps, nous demeurons loin du Seigneur – car nous marchons par la foi et non par la vue; – nous sommes pleins de confiance, et nous aimons mieux quitter ce corps et demeurer auprès du Seigneur" (vv. 6-8). Paul n'était absolument pas fasciné par le pâle éclat de ce monde. Soyons honnêtes et posons-nous la question de savoir si ces versets expriment vraiment les désirs les plus profonds de notre cœur. La plupart d'entre nous avons tendance à nous accrocher avec ténacité à ce monde, simplement parce que c'est le seul que nous connaissions et qu'il nous est familier. Nos relations les plus chères s'y trouvent. Nous pensons trop facilement que c'est notre demeure. C'est ainsi que nous devenons captifs de cette vie. Mais lorsque Paul dit qu'il souhaite "demeurer avec le Seigneur", il utilise le mot grec endemeo, qui signifie littéralement "être à la maison". Nous ne serons vraiment "à la maison" que lorsque nous serons finalement avec le Seigneur. Paul avait compris cela. Et le sentiment qu'il avait d'appartenir au ciel était la chose précise qui l'aidait à endurer les vicissitudes de cette vie.

Nous aussi, nous devrions languir d'être revêtus de nos habits – de nos corps – célestes. Comme Paul, nous devrions languir de quitter ce corps et être avec le Seigneur. Nous devrions nous soucier davantage de la gloire éternelle du ciel que des afflictions passagères d'aujourd'hui.

 


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