Jésus était juif
LE MESSIE DE L'ANCIEN TESTAMENT II

Dr Arnold G. Fruchtenbaum

Si l'Ancien Testament ne parlait du Messie qu'en termes de souffrances, nous ne serions pas très avancés. Mais le portrait que les Ecritures hébraïques brossent du Messie va bien au-delà de ce que révèle Esaïe 53. Les autres textes messianiques donnent généralement moins lieu à querelles d'interprétation que celui d'Esaïe 53. Ils présentent le Messie comme une personne tout à fait particulière.

Sa naissance exceptionnelle

Après le récit de la création, l'Ancien Testament poursuit avec l'histoire d'Adam et d'Eve. Déguisé en serpent, Satan séduit Eve et l'amène à transgresser l'unique commandement de Dieu. Adam imite sa femme. Le résultat est que le péché entre dans la famille humaine et laisse son empreinte dans ses expériences. L'homme se trouve désormais sous le juste jugement de Dieu. Mais dès la Chute, Dieu prévoit une rédemption future. Il déclare à Satan: "Je mettrai inimitié entre toi et la femme, entre ta postérité et sa postérité: celle-ci t'écrasera la tête, et tu lui blesseras le talon". (Ge 3. 15).

L'expression clé dans cette annonce est "sa postérité", la descendance de la femme. En soi, cette affirmation peut ne pas sembler extraordinaire, mais elle l'est au suprême degré dans le contexte de l'enseignement biblique. Car dans toutes les Ecritures hébraïques, la généalogie d'un homme ne passait pas par la femme mais par l'homme. Dans toutes les généalogies que nous trouvons dans les récits bibliques, la femme est généralement ignorée parce qu'elle n'a pas d'importance pour déterminer la lignée. Pourtant la personne à venir qui écraserait la tête du serpent tout en recevant elle-même une blessure douloureuse, ne serait pas connue par son père, mais par sa mère. C'est un fait inhabituel dans le modèle biblique.

Contrairement au schéma normal, nous avons ici une affirmation claire que le futur rédempteur naîtra de la semence de la femme. Sa naissance ne fera intervenir que sa mère. Pour une raison qui n'est pas expliquée ici, le père n'est pas du tout pris en compte. C'est tout à fait contraire à la conception biblique des généalogies.

Il ressort nettement des Targums de Jonathan et des Targums de Jérusalem que ce verset a une portée messianique. D'ailleurs, l'expression talmudique "les talons du Messie" semble tirer son origine de ce verset. Le livre de la Genèse n'indique toutefois pas comment ni pourquoi le rédempteur sera qualifié de "semence de la femme" alors que c'est contraire à l'habitude biblique.

Des siècles plus tard parut en Israël un grand prophète, Esaïe. C'est lui qui reçut la mission d'expliquer pourquoi le Messie serait reconnu d'après la lignée maternelle. Esaïe écrit: "C'est pourquoi le Seigneur lui-même vous donnera un signe; voici, la vierge deviendra enceinte, elle enfantera un fils, et elle lui donnera le nom d'Emmanuel" (7.14).

Le simple fait que la naissance de cette personne soit annoncée comme un "signe" laisse prévoir une venue au monde inhabituelle. Autrement dit, sa naissance ne serait pas comme les autres naissances, autrement le mot "signe" perdrait tout son sens. Elle devait être surnaturelle, peut-être miraculeuse, ou en tout cas attirer l'attention.

L'origine du peuple juif remonte à un "signe" à propos d'une naissance. Les Ecritures indiquent formellement qu'Abraham et Sara n'étaient plus en âge d'avoir des enfants. Abraham avait quatre-vingt-dix-neuf ans, et Sara quatre-vingt-neuf. Elle avait déjà passé l'âge de la ménopause lorsqu'en Genèse 18, Dieu lui annonça qu'elle aurait un fils dans l'année en cours. Cette naissance serait le signe que Dieu garderait son alliance avec Abraham et qu'il ferait de lui une grande nation. Un an plus tard le "signe" se réalisa avec la naissance d'Isaac, l'ancêtre du peuple juif. C'était le signe qui authentifiait l'alliance. La naissance était miraculeuse.

Dans Esaïe 7.14, la naissance du fils devait également constituer un signe, c'est-à-dire revêtir un caractère exceptionnel. Mais cette fois-ci, l'extraordinaire ne résiderait pas dans l'âge avancé de la mère, mais dans le fait que l'enfant naîtrait d'une vierge.

A ce propos, relevons une difficulté qui a souvent donné lieu à contestation. Les rabbins d'aujourd'hui déclarent que le mot hébreu ALMAH ne signifie pas "vierge", mais "jeune femme". Ce qu'ils omettent d'expliquer, c'est en quoi la naissance serait alors un signe. Qu'une jeune femme donne naissance à un bébé n'a rien d'anormal. C'est habituellement ainsi que les choses se passent! On cite souvent Rashi comme l'un de ceux qui traduisent ALMAH par "jeune femme". Il est vrai que Rashi identifie ALMAH d'Esaïe 7.14 à une jeune femme pour la même raison qu'il identifie le Serviteur Souffrant d'Esaïe 53 à Israël et non au Messie. Mais cela ne suffit pas pour prouver que Rashi a toujours traduit ALMAH par "jeune femme". On retrouve ce même mot hébreu dans le Cantique des cantiques (1.3 et 6.8). Dans ces passages, Rashi traduit justement ALMAH par "vierge! Indépendamment de l'interprétation qu'il donne à Esaïe 7.14, Rashi confère partout ailleurs au mot ALMAH le sens de "vierge". De plus, il reconnaît que de nombreux savants juifs de son temps estimaient qu'Esaïe 7.14 faisait référence à une vierge. On peut donc en déduire que son interprétation d'Esaïe 7.14 visait plutôt à contrer l'exégèse chrétienne de ce verset et qu'elle n'est donc pas une analyse honnête du texte lui-même. Comme dans le cas d'Esaïe 53, Rashi allait à l'encontre de l'interprétation juive populaire.

Les soixante-dix rabbins juifs qui traduisirent, vers 250 avant J.-C., l'Ancien Testament en grec (version connue sous le nom de Septante), constituent une autorité supérieure à Rashi. Ces hommes vivaient plus près de l'époque d'Esaïe que Rashi, venu environ treize siècles après eux. Ils étaient certainement plus près également du sens original du mot incriminé. Les soixante-dix rabbins ont traduit le mot hébreu ALMAH par le grec parthenos, qui dans le langage courant signifie "vierge".

Même si le mot ALMAH peut signifier "jeune femme", on doit reconnaître qu'il peut désigner une jeune femme vierge. N'oublions pas que cette naissance prophétisée devait constituer un "signe", donc être une naissance inhabituelle. C'est ce que souligne mieux le sens de "vierge".

Nous sommes devant l'explication du mystère de Genèse 3.15. Le Messie serait reconnu comme étant la descendance de la femme parce qu'il n'aurait pas de père. Etant donné sa naissance virginale, sa généalogie ne pouvait que passer par sa mère. Esaïe 7.14 éclaire donc Genèse 3. 15. Le Messie viendra au monde par une naissance virginale.

Le lieu de sa naissance

Les Ecritures juives prophétisent non seulement la manière de naître du Messie, mais également le lieu de sa naissance. C'est ce qu'a indiqué le prophète Michée, un contemporain d'Esaïe. En Michée 5.1, il est écrit: "Et toi, Bethléhem Ephrata, petite entre les milliers de Juda, de toi sortira pour moi celui qui dominera sur Israël, et dont les activités remontent aux temps anciens, aux jours de l'éternité". On note peu de désaccord entre les rabbins orthodoxes à propos de ce verset, car ils admettent presque tous que le Messie doit apparaître à Bethléhem. C'est le point de vue exprimé dans The Soncino Books of the Bible, un commentaire orthodoxe juif de l'Ancien Testament qui puise ses informations dans des commentaires juifs antérieurs.

Sa généalogie

Un autre point est incontesté: le Messie serait un descendant du roi David. C'est ce qui explique le titre complet conféré au Messie par les rabbins: "Messie, le fils de David". Entre les nombreux passages qui pourraient être cités à l'appui de cette conviction, limitons-nous à deux textes, tous deux tirés du prophète Esaïe.

Isaï était le père de David; ces passages montrent donc bien que le Messie appartiendrait à la famille de David. Tout le judaïsme orthodoxe l'admet. Nous évoquerons plus tard, dans un contexte différent, d'autres passages qui traitent du même aspect.

Les souffrances du Messie

Tous les premiers rabbins étaient d'accord sur le fait que le Messie souffrirait et mourrait. Ils précisaient que seul le Messie fils de Joseph souffrirait et le différenciaient du Messie fils de David. Le passage central qui annonce les souffrances du Messie est celui d'Esaïe 53 que nous avons déjà examiné. Le psaume 22:2-22 est un autre texte important à ce propos.

Pour résumer ce passage, disons que le Messie est abandonné de Dieu, ridiculisé et tourmenté par les hommes et ses vêtements tirés au sort par ses bourreaux. Son agonie est telle que ses os se séparent, son coeur se rompt en laissant échapper un mélange de sang et d'eau; ses mains et ses pieds sont percés. Par de nombreux aspects, ce psaume ressemble à Esaïe 53; il fournit toutefois plus de détails sur le type de souffrances infligées au Messie et sur l'agonie qu'il traverse. Dans le Yalkut, les rabbins appliquent ce passage au Messie fils de Joseph.

Le Messie, roi d'Israël

Dans les passages que nous avons examinés jusqu'à présent, le Messie est dépeint comme un homme, mais comme un homme de douleur. Il devait souffrir et mourir. Les anciens rabbins reconnaissaient que ces textes parlaient du Messie, et ils lièrent son nom à celui de Joseph: le Messie, fils de Joseph. De même que le patriarche dut souffrir de la part de ses frères, ainsi en serait-il du Messie. Mais d'autres passages de l'Ancien Testament présentent un Messie d'un autre type, non un Messie souffrant, mais un conquérant; non un Messie mourant, mais un Messie régnant. Les rabbins l'appelèrent Messie, fils de David. Presque tout ce que Moïse et les prophètes ont dit du Messie présente celui-ci comme apportant la paix et instaurant un règne messianique sur Israël. Ces textes sont trop nombreux pour être cités ici; nous nous contenterons d'en rapporter deux intégralement. Il faut noter combien ce Messie est différent de celui qui a été dépeint dans les passages examinés jusqu'ici. Il n'est donc pas étonnant que les anciens rabbins aient été plongés dans la perplexité et qu'ils aient inventé la théorie des deux Messies, chacun venant une fois. Le premier passage est celui d'Esaïe 11.1-10:

Les rabbins d'autrefois et d'aujourd'hui reconnaissent unanimement que ce passage parle du Messie et de l'âge messianique. Contrairement aux autres tableaux du Messie que nous avons déjà contemplés, celui-ci ne présente pas un Messie mourant rejeté et méprisé par son peuple. Il décrit plutôt un Messie qui régnera et apportera paix et prospérité au monde entier. La paix s'étendra même aux animaux. Les méchants seront jugés et ôtés; par sa parole autoritaire, le Messie résoudra les différents entre les nations. La connaissance du Dieu d'Israël se répandra jusqu'à recouvrir la terre entière. Lorsque le Messie régnant aura instauré la paix et la prospérité, toute la terre aura une connaissance intime du Dieu qui a créé le monde.

Un deuxième passage brosse un portrait semblable du Messie. Il s'agit du Psaume 72:1-19:

Le Talmud considère que ce psaume parle du règne de justice du Messie. Quant aux Targums, ils traduisent le premier verset ainsi: "Accorde l'énoncé de ton jugement au Roi Messie, et ta justice au fils du Roi David."

La Midrash sur les Psaumes fait de même et rapproche ce psaume d'Esaïe 11:1 qui a été cité plus haut. De plus, parmi les différents noms attribués au Messie par les rabbins du Talmud figure celui de Yinnon, un mot original hébreu qui se trouve dans ce verset 17 du psaume 72. Ce texte présente donc une vision du Messie différente de celles qui ont été examinées dans ce chapitre et dans le chapitre précédent. Ce double portrait du Messie pose un problème difficile à quiconque essaie de résumer ce que l'Ancien Testament déclare au sujet de ce personnage.

D'autres versets qui traitent de la royauté du Messie présentent deux nouveaux aspects de sa personne. Certains soulignent la filiation divine du Messie, d'autres mettent en avant le concept du Dieu-Homme. Pour avoir le portrait complet que l'Ancien Testament donne du Messie, il est indispensable de considérer séparément ces deux points, ce que nous ferons succinctement.

La filiation divine du Messie

Deux passages montrent clairement que le Messie est d'une certaine manière Fils de Dieu. Le premier est tiré du Psaume 2 qui traite principalement de la royauté du Messie, mais révèle en même temps sa qualité de Fils de Dieu.

A propos de ce psaume, Rashi reconnaît: "Nos rabbins considèrent qu'il concerne le Roi Messie." Bien que la majorité des maîtres juifs des temps passés aient également appliqué ce psaume au Roi Messie, ils sont nombreux aujourd'hui à penser qu'il désigne plutôt David que le Messie. Pourtant les mots de ce psaume et un survol historique excluent tout à fait l'identification de l'oint en question à David. Dans ces versets Dieu déclare à son interlocuteur qu'il lui donnera la domination et l'autorité sur le monde entier. D'après l'histoire juive, le royaume de David ne s'est jamais étendu au monde entier. Son autorité ne s'est pas exercée sur toute la terre. Il faut de ce fait exclure David. Les anciens rabbins avaient donc raison d'appliquer au Messie ce psaume qui le présente comme le Fils de Dieu.

Dans ce passage, Dieu invite tous les hommes à se soumettre au Messie, le Fils de Dieu. Ceux qui refuseront seront punis. Mais ceux qui chercheront leur refuge dans le Messie, c'est-à-dire qui placeront leur foi et leur confiance en lui pour leur salut recevront la vie éternelle.

Le second texte est de la plume de Salomon, un roi sage. Dans le livre des Proverbes, le verset 4 du chapitre 30 pose une série de questions. Les quatre premières sont introduites par le pronom interrogatif "Qui?". Les voici:

– "Qui est monté aux cieux, et qui en est descendu?"
– "Qui a recueilli les vents dans sa main?"
– "Qui a serré les eaux dans son vêtement?"
– "Qui a fait paraître les extrémités de la terre "

A ces quatre interrogations de Salomon, une seule réponse s'impose. En effet, si nous réfléchissons aux actions énumérées, il est évident qu'une seule personne a pu les accomplir: Dieu.

Venons-en à la cinquième question: "Quel est son nom?" Quel est le nom de ce Dieu qui seul est capable d'opérer les prodiges rappelés au début de ce verset? Nous connaissons le tétra-gramme hébreu YHWH, auquel nous avons substitué en langage parlé le mot Adonai. Dans certaines Bibles on a conservé le nom Yahweh. Le nom divin est YHWH, JE SUIS. C'est donc Dieu, le suprême JE SUIS, qui a fait toutes ces choses.

Passons à la sixième et dernière question: "Quel est le nom de son fils? Le sais-tu?" Remarquez comment Salomon arrive à cette sixième question. Il a d'abord demandé qui a pu accomplir ces faits merveilleux. La réponse était: Dieu. Ensuite, il avait demandé quel était le nom de Dieu. La réponse: YHWH. Son nom est JE SUIS.
Mais Salomon a posé une question piège; il savait qu'à ce moment de l'histoire biblique, personne ne saurait répondre. C'est pourquoi à la sixième question, il a ajouté: "Le sais-tu?" Ce que Salomon souligne, c'est que Dieu, "JE SUIS", a un fils. Jusqu'au temps de Salomon et même après, le nom de ce fils n'était pas connu parce qu'il n'avait pas encore été révélé. Ce procédé n'est pas inhabituel dans les Ecritures.

Dieu a fait connaître son nom JE SUIS, pour la première fois à Moïse, dans le livre de l'Exode (3.14-15; 6.2-3). Les gens qui vivaient du temps de la Genèse savaient que Dieu existait mais ils ne connaissaient pas ce nom.
De la même façon, personne ne connaissait le nom du fils de Dieu dans le judaïsme vétérotestamentaire. Ce qu'on savait, c'est que Dieu avait un fils, puisque David et Salomon l'avaient dit.

La filiation divine du Messie est donc directement liée à la messianité. Le psaume 2 associe étroitement la qualité de fils de Dieu du Messie à son règne messianique.

Le concept du Dieu-Homme et le Messie

La royauté du Messie s'accompagne d'un autre aspect: le concept étrange du Dieu-Homme. Certains passages de l'Ancien Testament consacrés à la royauté du Messie ajoutent une dimension toute nouvelle à sa personne; ils le présentent à la fois comme un être humain et comme un être surhumain. Prenons le cas d'Esaïe 9.5-6:

Le verset 5 déclare qu'un fils est né dans le monde juif, et que ce fils tiendra les rênes du pouvoir. Le verset 6 considère ce fils comme le descendant messianique de David et donne une description extraordinaire de son règne caractérisé par la paix et la justice. Mais certains des noms qui lui sont conférés au verset 5 ne peuvent s'appliquer qu'à Dieu lui-même. Si les appellations "Admirable" et "Conseiller" peuvent s'appliquer à un homme, en revanche ceux de "Dieu puissant" et "Père éternel" ne conviennent qu'à Dieu. Esaïe montre que si le Messie sera un homme, un descendant de David, il sera également Dieu.

Ce verset explique donc ce que le prophète avait dit en 7.14: "C'est pourquoi le Seigneur lui-même vous donnera un signe; voici, la vierge deviendra enceinte, elle enfantera un fils, et elle lui donnera le nom d'Emmanuel."

Dans ce passage que nous avons déjà examiné précédemment, Esaïe annonce qu'un fils naîtra d'une vierge. Le prophète indique même le nom qui sera donné à cet enfant: Emmanuel. Dans la Bible, le nom qu'un parent donne à son enfant exprime son sentiment. Mais quand Dieu nomme une personne, il révèle quelque chose de sa nature profonde qu'il est seul capable de connaître d'avance. Ainsi, en conférant le nom d'Emmanuel à l'enfant qui naîtra, Dieu révèle la nature essentielle de cet enfant. Que signifie Emmanuel? "Dieu avec nous." L'enfant que la vierge mettra au monde sera "Dieu avec nous" ou "Dieu parmi nous"! La citation d'Esaïe 9 présente le fils comme un descendant de David et l'identifie à Dieu lui-même. Le prophète dépeint donc le Messie comme le Dieu-Homme.

Esaïe n'est pas le seul à avoir cette vision du Messie. Jérémie 23.5-6 fait écho aux déclaration d'Esaïe:

Jérémie annonce qu'un descendant de David montera sur son trône et décrit son règne comme un règne de paix et de sécurité pour Israël. Le prophète révèle qu'il portera le nom même de Dieu – Adonai Tzidkenu – Yahweh notre justice. Il emploie le tétragramme sacré, réservé uniquement à Dieu, le nom par lequel Dieu s'est personnellement révélé à Moïse – JE SUIS. On s'aperçoit donc de nouveau que le futur Roi Messie d'Israël sera homme d'un côté, Dieu de l'autre. De même que le concept de filiation divine, le concept du Dieu-Homme est directement associé à la royauté du Messie.

Quelle conclusion peut-on tirer des différentes descriptions que l'Ancien Testament donne du Messie? D'un côté, c'est un Messie souffrant et mourant; de l'autre, c'est un Messie conquérant et régnant, appelé Dieu et fils de Dieu. Ce double portrait a conduit les rabbins à formuler la doctrine des deux Messies: le Messie fils de Joseph et le Messie fils de David. Mais ce n'était pas la seule explication possible.