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Marie - Servante du Seigneur

par Henri Gras

Partie I. Les données bibliques

Chapitre 3. Enfance et jeunesse de Jésus

L'Evangile nous fournit peu d'éléments relatifs à l'enfance et à la jeunesse du Sauveur. Cependant, les quelques épisodes rapportés par les évangélistes s'avèrent hautement significatifs. Ils méritent donc que l'on s'y penche avec attention. On y découvre plusieurs caractères de Marie.

1. La présentation de Jésus:

«Le huitième jour, auquel l'enfant devait être circoncis, étant arrivé, on lui donna le nom de Jésus, nom qu'avait indiqué l'ange avant qu'il soit conçu dans le sein de sa mère. Et, quand les jours de leur purification furent accomplis, selon la loi de Moïse, Joseph et Marie le portèrent à Jérusalem, pour le présenter au Seigneur, – suivant ce qui est écrit dans la loi du Seigneur: Tout mâle premier-né sera consacré au Seigneur, – et pour offrir en sacrifice deux tourterelles ou deux jeunes pigeons, comme cela est prescrit dans la loi du Seigneur.» Luc 2:21–24

Joseph et Marie, en Juifs pieux respectueux de la loi, se conforment à ces prescriptions. Ils obéissent ainsi à un commandement précis, donné par Dieu à Moïse: «Lorsqu'une femme deviendra enceinte, et qu'elle enfantera un fils, elle sera impure pendant sept jours; elle sera impure comme au temps de son indisposition menstruelle. Le huitième jour, l'enfant sera circoncis» (Lévitique 12:2–3).

Marie se reconnaît donc impure. Comme les autres femmes juives, elle croit avoir besoin de purification. Aussi, à l'âge de huit jours l'enfant est-il circoncis et reçoit-il, conformément aux instructions de l'ange, le nom de Jésus.

Puis, trente-trois jours plus tard, toujours selon les termes de la loi, Joseph et Marie conduisent l'enfant au Temple de Jérusalem. Ils l'y présentent au Seigneur. A noter au passage, qu'il s'agit d'une présentation et non d'un baptême. Là, un sacrifice sanglant est offert. Tout cela se déroule comme l'ordonne la loi: «Elle (la femme) restera encore trente-trois jours à se purifier de son sang; elle ne touchera aucune chose sainte, et elle n'ira point au sanctuaire, jusqu'à ce que les jours de sa purification soient accomplis... Lorsque les jours de sa purification seront accomplis, pour un fils ou pour une fille, elle apportera au sacrificateur, à l'entrée de la tente d'assignation, un agneau d'un an pour l'holocauste, et un jeune pigeon ou une tourterelle pour le sacrifice d'expiation... Telle est la loi pour la femme qui enfante un fils ou une fille. Si elle n'a pas de quoi se procurer un agneau, elle prendra deux tourterelles ou deux jeunes pigeons, l'un pour l'holocauste, l'autre pour le sacrifice d'expiation. Le sacrificateur fera pour elle l'expiation, et elle sera pure» (Lévitique 12A-8).

Marie a donc offert un sacrifice pour sa purification. Cette dernière était nécessaire et voulue par Dieu. Jésus n'était-il pas fils de l'homme (en l'occurrence par la femme)?

Une remarque importante: la présentation de Jésus intervient au quarante-deuxième jour de sa vie. Son baptême lui sera donné par Jean-Baptiste à l'âge de 30 ans, dans le Jourdain. Alors seulement, le Saint-Esprit descendra sur lui. Revêtu de cette puissance d'En-haut, il pourra sortir victorieux de la tentation au désert, et commencer son ministère terrestre.

2. Adoration prophétique de Siméon et d'Anne:

«Et voici, il y avait à Jérusalem un homme appelé Siméon. Cet homme était juste et pieux, il attendait la consolation d'Israël, et l'Esprit-Saint était sur lui. Il avait été divinement averti par le Saint-Esprit qu'il ne mourrait point avant d'avoir vu le Christ du Seigneur. Il vint au temple, poussé par l'Esprit. Et, comme les parents apportaient le petit enfant Jésus pour accomplir à son égard ce qu'ordonnait la loi, il le reçut dans ses bras, bénit Dieu, et dit: Maintenant, Seigneur, tu laisses ton serviteur s'en aller en paix, selon ta parole. Car mes yeux ont vu ton salut, salut que tu as préparé devant tous les peuples, lumière pour éclairer les nations, et gloire d'Israël, ton peuple.
Son père et sa mère étaient dans l'admiration des choses qu'on disait de lui. Siméon les bénit, et dit à Marie, sa mère: Voici, cet enfant est destiné à amener la chute et le relèvement de beaucoup en Israël, et à devenir un signe qui provoquera la contradiction, et à toi-même une épée te transpercera l'âme, afin que les pensées de beaucoup de cœurs soient dévoilées.
Il y avait aussi une prophétesse, Anne, fille de Phanuel, de la tribu d'Aser. Elle était fort avancée en âge, et elle avait vécu sept ans avec son mari depuis sa virginité. Restée veuve, et âgée de quatre-vingt-quatre ans, elle ne quittait pas le temple, et elle servait Dieu nuit et jour dans le jeûne et dans la prière. Etant arrivée, elle aussi, à cette même heure, elle louait Dieu, et elle parlait de Jésus à tous ceux qui attendaient la délivrance de Jérusalem.»
Luc 2:25–38

Admirable intervention du Saint-Esprit à travers ces deux vieillards juifs: Siméon, homme juste et pieux qui attendait la consolation d'Israël; Anne, prophétesse qui ne quittait pas le temple et servait Dieu nuit et jour dans le jeûne et dans la prière. Leur présence et leurs paroles, lors de la présentation de Jésus, procèdent du miracle et authentifient la mission terrestre du Messie: salut divin, lumière des nations, gloire d'Israël, délivrance de Jérusalem.

Les propos de Siméon font l'admiration de Joseph et Marie. D'évidence, le vieillard, rempli d'Esprit saint, en sait beaucoup plus sur l'avenir de Jésus que sa mère et son père adoptif réunis. D'ailleurs, Siméon les bénit, se faisant ainsi, lui qui n'avait pourtant aucune fonction sacerdotale officielle, l'intermédiaire, le porte-parole choisi et qualifié par Dieu en cette heure mémorable.

Et le vieillard s'adresse particulièrement à Marie pour lui donner une révélation: Jésus, son fils, sera pour beaucoup (selon l'attitude qu'ils adopteront et le choix qu'ils feront après l'avoir entendu), instrument de chute ou de relèvement en Israël. Il deviendra un signe qui provoquera la contradiction (devant les miracles qu'il opérera). Quant à l'épée qui transpercera l'âme de Marie (sa grande souffrance lors de la crucifixion de son fils, dont elle sera témoin), elle servira de révélateur pour son propre cœur (cf. Hébreux 4:12–13). «La Parole faite chair», une fois le sacrifice consommé, sera victorieuse de la mort et, par là même, du péché et de Satan. C'est alors que les yeux de Marie s'ouvriront, spirituellement parlant.

Par l'ange Gabriel, Marie a reçu la révélation pour ce qui concernait la conception miraculeuse et la royauté promise à son fils. Par le vieillard Siméon, elle a été éclairée de la part de Dieu, afin d'être à même de comprendre, plus tard, le ministère terrestre confié au Sauveur. Malgré ces lumières exceptionnelles, nous verrons plus loin que Marie perçoit bien mal l'enseignement et les actes de son divin Fils.

3. Fuite en Egypte:

«Lorsqu'ils eurent accompli tout ce qu'ordonnait la loi du Seigneur, Joseph et Marie retournèrent en Galilée, à Nazareth, leur ville.» Luc 2:39

«Lorsqu'ils furent partis, voici, un ange du Seigneur apparut en songe à Joseph, et dit: Lève-toi, prends le petit enfant et sa mère, fuis en Egypte, et restes-y jusqu'à ce que je te parle; car Hérode cherchera le petit enfant pour le faire périr. Joseph se leva, prit de nuit le petit enfant et sa mère, et se retira en Egypte. Il y resta jusqu'à la mort d'Hérode, afin que s'accomplisse ce que le Seigneur avait annoncé par le prophète: J'ai appelé mon fils hors d'Egypte. Alors Hérode, voyant qu'il avait été joué par les mages, se mit dans une grande colère, et il envoya tuer tous les enfants de deux ans et au-dessous qui étaient à Bethléhem et dans tout son territoire, selon la date dont il s'était soigneusement enquis auprès des mages. Alors s'accomplit ce qui avait été annoncé par Jérémie, le prophète: On a entendu des cris à Rama, des pleurs et de grandes lamentations: Rachel pleure ses enfants, et n'a pas voulu être consolée, parce qu'ils ne sont plus.» Matthieu 2:13–18

Joseph et Marie, en Juifs fidèles, ayant accompli à Jérusalem tout ce qu'ordonnait la loi, retournent chez eux à Nazareth, distante d'une centaine de kilomètres. Ils sont en règle vis-à-vis de Dieu et aussi des hommes, puisqu'ils ont satisfait aux exigences du recensement. Mais, à peine sont-ils partis, qu'un ange apparaît en songe à Joseph, vraisemblablement endormi à la faveur d'une halte. Il lui ordonne de se lever, de prendre le petit enfant et sa mère, de fuir en Egypte et d'y rester jusqu'à un nouvel ordre de sa part. Car, dit-il, Hérode cherche le nourrisson pour le faire périr.

Ainsi, nous l'avions dit plus haut, pas plus Marie que Joseph ne se doutaient du péril. C'est Dieu, d'une façon miraculeuse, qui les en avertit. Il le fait par l'intermédiaire d'un ange qui apparaît en songe, non à Marie, mais à Joseph. L'époux, devenu chef de famille tant devant les hommes que devant Dieu, reçoit mission de protéger et de conduire sa femme et son fils adoptif. Désormais, c'est à lui que seront dispensées les révélations concernant le petit enfant Jésus. Voilà donc Joseph averti du sanglant dessein d'Hérode. De sa foi et de son obéissance dépend maintenant l'exécution de l'ordre divin, donné par l'ange, pour soustraire Jésus au piège mortel que Satan veut refermer sur lui. Marie passe du même coup au second plan. Elle n'a plus qu'à suivre son mari.

Joseph, de nuit (car le songe l'a tiré du sommeil), se lève aussitôt, prend le nourrisson et sa mère et fuit en Egypte. Il était temps... Hérode, furieux de constater que les mages n'ont pas tenu parole, et en l'absence de renseignements précis sur le bébé qu'il veut impérieusement supprimer, ordonne de faire tuer tous les enfants en bas âge se trouvant dans la région de Bethléhem. Il compte, de la sorte, se débarrasser du rival imprévu qui menace son trône. En effet, le souverain a pris très au sérieux le titre de «Roi des Juifs» attribué au nouveau-né mystérieux par les savants astrologues d'Orient qu'avait guidés l'étoile.

Tant la fuite en Egypte que le massacre des innocents de Palestine avaient fait l'objet de prophéties apportées, respectivement sept et six siècles auparavant, par Osée (11:1) et Jérémie (31:15). Comme la conception miraculeuse et la naissance de Jésus, ces épisodes dramatiques constituent des accomplissements qui authentifient le déroulement du plan divin.

4. Retour d'Egypte et établissement à Nazareth:

«Quand Hérode fut mort, voici, un ange du Seigneur apparut en songe à Joseph, en Egypte, et dit: Lève-toi, prends le petit enfant et sa mère, et va dans le pays d'Israël, car ceux qui en voulaient à la vie du petit enfant sont morts. Joseph se leva, prit le petit enfant et sa mère, et alla dans le pays d'Israël. Mais, ayant appris qu'Archélaüs régnait sur la Judée à la place d'Hérode, son père, il craignit de s'y rendre; et, divinement averti en songe, il se retira dans le territoire de la Galilée, et vint demeurer dans une ville appelée Nazareth, afin que s'accomplisse ce qui avait été annoncé par les prophètes: Il sera appelé Nazaréen.» Matthieu 2:19-23

Hérode mort, l'ange, comme promis, réapparaît en songe à Joseph. Il lui ordonne de se lever, de prendre avec lui le petit enfant et sa mère et de retourner en Israël, puisque ceux qui voulaient tuer Jésus avaient expiré. Joseph, comme précédemment, obéit aussitôt. Mais il reste en éveil. Il apprend en route qu'Archélaüs, le fils d'Hérode, vient de succéder à son père cruel. Une crainte naît en lui. Il doit alors probablement s'arrêter. Par un nouveau songe, Dieu lui donne instruction et infléchit sa route. C'est à Nazareth qu'ils vont se fixer, lui et les siens.

Le nom de la ville dérive de l'hébreu «netser», ce qui signifie germe, rejeton, rameau. Jésus, le Nazaréen, est bien le rameau, le rejeton sorti d'Israël comme l'annonçait, sept cent cinquante ans plus tôt, le prophète Esaïe (11:1). Une authentification supplémentaire!

Comme pour la fuite en Egypte, le retour en Israël et l'établissement en Galilée sont «programmés» par Dieu, qui communique directement, par révélation, ses ordres à Joseph. C'est sur la foi et l'obéissance de celui-ci que repose l'exécution. Marie joue un rôle accessoire. C'est son époux qui est miraculeusement dirigé. Elle lui est simplement soumise. Ainsi, l'ordre divin, établi par l'Eternel en Eden après la chute, est-il respecté: «Ton mari... dominera sur toi» (cf. Genèse 3:16).

5. Jésus dans le temple, à douze ans:

«Les parents de Jésus allaient chaque année à Jérusalem, à la fête de Pâque. Lorsqu'il fut âgé de douze ans, ils y montèrent, selon la coutume de la fête. Puis, quand les jours furent écoulés, et qu'ils s'en retournèrent, l'enfant Jésus resta à Jérusalem. Son père et sa mère ne s'en aperçurent pas. Croyant qu'il était avec leurs compagnons de voyage, ils firent une journée de chemin, et le cherchèrent parmi leurs parents et leurs connaissances.
Mais, ne l'ayant pas trouvé, ils retournèrent à Jérusalem pour le chercher. Au bout de trois jours, ils le trouvèrent dans le temple, assis au milieu des docteurs, les écoutant et les interrogeant. Tous ceux qui l'entendaient étaient frappés de son intelligence et de ses réponses. Quand ses parents le virent, ils furent saisis d'étonnement, et sa mère lui dit: Mon enfant, pourquoi as-tu agi de la sorte avec nous? Voici, ton père et moi, nous te cherchions avec angoisse. Il leur dit: Pourquoi me cherchiez-vous? Ne saviez-vous pas qu'il faut que je m'occupe des affaires de mon Père? Mais ils ne comprirent pas ce qu'il leur disait. Puis il descendit avec eux pour aller à Nazareth, et il leur était soumis. Sa mère gardait toutes ces choses dans son cœur. Et Jésus croissait en sagesse, en stature, et en grâce, devant Dieu et devant les hommes.»
Luc 2:41 – 52

C'est à nouveau Jérusalem, et plus précisément le temple, qui sert de cadre à cet épisode hautement chargé de sens. Jésus a douze ans. Il accompagne ses parents à la grande fête juive: celle de la Pâque. En effet, Joseph et Marie, en Juifs fidèles, y participent chaque année.

Les cérémonies ayant pris fin, chacun rentre chez soi. Dans la foule bruyante des piétons, des ânes et des chameaux, les parents de Jésus n'ont pas remarqué l'absence de leur fils. Comme à l'accoutumée, ils le croient en compagnie de parents ou d'amis, en train de cheminer avec eux. Ils l'y cherchent... en vain. Alors, en désespoir de cause et en proie à l'inquiétude, ils reviennent en arrière, essayant de retrouver sa trace.

Finalement, ils le découvrent dans le Temple de Jérusalem, d'où il n'était pas parti. Jésus est en discussion avec les docteurs de la loi, savants experts de l'Ecriture. Son intelligence, ses questions, ses réponses, frappent les auditeurs témoins de cet entretien. Ces dispositions exceptionnelles sont d'essence divine. Mais les Juifs ne le savent pas. Quant aux parents de Jésus, ils sont en proie à un vif étonnement lorsqu'ils le découvrent en si docte compagnie et tenant de tels propos. Un enfant de douze ans, leur propre enfant, qui parle de la sorte!

Marie l'interrompt et lui adresse un reproche, sans doute le premier de sa vie: «Mon enfant, pourquoi as-tu agi de la sorte avec nous? Voici, ton père et moi, nous te cherchions avec angoisse.» Double reproche. D'abord, le comportement de Jésus n'est pas celui du bon fils auquel étaient habitués ses bon parents. Il ne les a pas suivis comme à l'ordinaire. Et puis, il les a laissés pendant trois jours se morfondre sans, apparemment, se soucier d'eux. Ce n'est pas bien. Quelle cruelle incertitude. L'avait-on enlevé? S'était-il perdu...?

Jésus coupe court. Il répond laconiquement à ses parents médusés par une double question en forme de reproche: «Pourquoi me cherchiez-vous? Ne saviez-vous pas qu'il faut que je m'occupe des affaires de mon Père?» Autrement dit: vous n'avez pas le sens des vraies réalités... il était inutile de me chercher si longtemps... la logique ne voulait-elle pas que je reste ici, dans le Temple, pour m'entretenir avec les docteurs de la loi? Et puis, avez-vous oublié que l'essentiel, l'impératif, pour moi, c'est de m'occuper des choses de Dieu?

Jésus précise ici clairement que ses parents ont oublié l'objet de sa mission, que son vrai père n'est pas Joseph, mais Dieu, et que le spirituel prime, pour lui, sur le temporel.

La réaction de Marie et de Joseph à la réponse de leur fils est donnée en clair par le texte évangélique: ses parents ne comprirent pas ce qu'il disait. Un abîme d'incompréhension s'est donc creusé entre eux. Jésus, bien que fils de l'homme (par sa mère), est du ciel. Ses parents sont de la terre. Malgré les révélations initiales qu'elle a reçues de l'ange Gabriel, Marie n'est pas plus au clair que Joseph. Elle enregistre les événements qui la touchent au plus profond de son cœur de mère, au niveau de l'âme. C'est tout.

Cependant, Jésus va regagner Nazareth avec ses parents. Il se soumet à eux, car son heure de s'affranchir totalement d'eux n'est pas encore venue. Dans le cadre familial, il croît harmonieusement devant Dieu et devant les hommes.

 


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