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Emotions à l'aéroport

Genovieva 34e épisode

– Il est en bout de piste, l'avion pour Rome! Et dire que Genovieva est dedans...
– Sans qu'on ait pu lui faire nos adieux!

Soudain les réacteurs libèrent toute leur puissance. L'appareil s'élance sur la piste, prend de la vitesse... et décolle.
De son hublot, Genovieva tente d'apercevoir la ville. Mais l'avion survole déjà la campagne. Il s'élève, frémit en perçant un plafond de nuages... Voici le soleil! Le paysage est grandiose: à l'infini, on voit des montagnes et des vallées de vapeurs blanches.

Genovieva part vers l'inconnu. Plus de parents pour l'entourer, plus d'amis pour l'encourager. Mais son Dieu est là, tout près d'elle. "Souviens-toi, mon enfant, dit-il à son coeur, quand les montagnes s'éloigneraient... je ne t'abandonnerai jamais, c'est promis. Compte sur moi!"

Alors, comme le lui conseille le verset 5 du Psaume 37, Genovieva recommande son sort à l'Eternel. Elle place en lui toute sa confiance. Elle sait qu'il agira.

Dans l'étroit couloir de l'avion, le personnel s'affaire.
– C'est pour vous, Mademoiselle! dit aimablement l'hôtesse en tendant un plateau garni de tout un repas.
– ... Non merci! doit répondre Genovieva. En ce moment, elle ne pourrait vraiment rien avaler. Elle préfère se blottir dans son siège, et fermer les yeux pour mieux penser à ceux qu'elle vient de quitter si brusquement.

S'est-elle assoupie? En tout cas, Genovieva est très surprise par cette annonce du haut-parleur: "Dans dix minutes nous atterrirons à Rome!"
– Déjà! s'exclame notre amie.

Alors les pensées se bousculent dans sa tête. Mais vite elle se souvient: "Ah, oui, c'est vrai, heureusement qu'on m'attend! Hier encore, l'ambassade américaine de Bucarest m'a rassurée Tout est en ordre. Nous venons de télégraphier à nos collègues de Rome. Après le passage au contrôle des passeports, vous verrez une personne munie d'un panneau portant votre nom. Faites-vous connaître. On vous aidera."

L'avion s'est posé. On a mis en place une passerelle. A peine à terre, les passagers ont été conduits à l'entrée du bâtiment de l'aérogare. Les voici dans un vaste hall. Un tapis roulant se met en mouvement. Il va livrer aux voyageurs son cortège de bagages...


A tour de rôle, chacun empoigne sa valise ou son sac, le charge sur un chariot, puis disparaît dans la foule. Genovieva attend. Sa valise ne se montre toujours pas. Peu à peu le nombre de voyageurs diminue autour d'elle. Voici encore une mallette rouge, suivie d'un gros carton. Impatient, un monsieur s'en empare nerveusement... Plus de bagages sur le tapis roulant. Il s'arrête!

Une seule personne attend encore: Genovieva! Le contenu de sa valise, c'est tout ce qu'elle possède. Et ce précieux bagage n'est pas là! Il faut vite signaler la chose. Genovieva s'approche d'un guichet:
– Prego : cosa desidera? On parle italien, ici! Mais avec le personnel des aéroports, on peut s'expliquer en anglais!
– Laissez-nous votre adresse, lui dit-on. Dès que votre valise sera retrouvée, on vous avertir!
– Mon adresse? ... je n'ai que celle de l'ambassade américaine. D'ailleurs on doit m'attendre ici. Je vais vite voir et je reviens... Genovieva écarquille les yeux. Où est-il donc, le panneau qui porte son nom? A cette autre sortie? Personne non plus!
– Mais ce n'est pas possible! soupire la jeune Roumaine, on m'avait pourtant promis qu'il y aurait quelqu'un...

Que se passe-t-il donc? L'explication est toute simple: Comme dernier geste "amical", ceux qui en voulaient tant à Genovieva ont fait en sorte que le télégramme n'arrive jamais à Rome... et que la valise soit laissée dans un coin à l'aéroport de Bucarest!

Ainsi personne n'attend Genovieva. La voilà seule dans l'aérogare d'une ville étrangère, dans un pays dont elle ne parle pas la langue, privée de sa valise, sans argent italien pour se procurer un petit morceau de pain! Dans le bureau du directeur de l'aéroport, en anglais Genovieva explique sa situation.
– Nous allons tout faire pour vous aider! entend-elle, reconnaissante.
On téléphone à l'ambassade américaine. La réponse est très claire:
– Nous savons en effet que cette personne doit arriver à Rome, mais nous attendons toujours des précisions par télégramme... Que dites-vous? Elle est là? Mais on ne nous a pas prévenus! Alors nous allons venir la chercher! Dites-lui que nous arrivons... D'accord, dans votre bureau! Genovieva est rassurée. Mais il lui faudra beaucoup de patience. La ville de Rome est grande, et la circulation intense. Pauvre Genovieva! Elle doit attendre pendant trois longues heures...

Enfin un fonctionnaire de l'ambassade américaine se présente. Enfin la jeune Roumaine est prise en charge. Elle est en sécurité! La voilà dans une voiture confortable, puis accueillie et logée. Mais... il y a plus de douze heures qu'elle a pris un petit déjeuner avant de quitter Bucarest. Depuis lors, elle n'a plus rien avalé. Et personne ne pense qu'elle peut avoir faim ou soif. Ne sort-on pas d'un avion ayant été nourri et désaltéré? Ah, comme notre amie appréciera les repas du lendemain!

Comme tous les "réfugiés" pris en charge, Genovieva va rester là dix jours avant de poursuivre son voyage. Et c'est le dixième jour qu'elle pourra récupérer sa valise!

Enfin, c'est l'envol pour New York. Les montagnes de Moldavie s'éloignent encore plus, mais la fidélité de Dieu reste toujours la même. Il l'a promis!

Texte: Samuel Grandjean


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