Les questions du maître d'école

Genovieva, 3e épisode

– Debout, les enfants! dit la maman. Faites vite votre toilette, et venez prendre votre petit déjeuner. Après, ce sera l'heure de l'école!
Quelle joyeuse agitation dans la maison. Déjà, le père de famille est au travail.
Maintenant, les cinq enfants sont autour de la table devant un bol de cacao bien chaud. Regardez la frimousse du petit Teodor: elle est encore pleine de sommeil. Il n'a que six ans, le benjamin!
– Voilà... une tranche de pain pour chacun! dit la maman en posant sur la table un petit plateau de bois. Bon appétit!
– Dis maman, pourquoi tu ne mets plus jamais de beurre et de confiture sur le pain? demande Costica.
Il a huit ans, lui.
– Hélas! Le beurre est trop cher, et je n'en trouve même plus dans les magasins!
– Mais tu crois qu'on n'en aura plus jamais?
– Je n'en sais rien, mon chéri, mais soyons déjà reconnaissants pour le peu que nous avons encore!
– Du beurre ou pas de beurre, ça ne fait rien! interrompt Genovieva. Quand on a faim. tout est bon. Et moi, j'ai très faim ce matin.

– Maintenant, ceux qui vont à l'école se préparent! dit la maman. Il commence à faire froid. N'oubliez pas votre gros pull et le bonnet, toi aussi, Lola
L'hiver approche, en effet. Et certains jours, le thermomètre va descendre à moins vingt degrés. Alors tout gèlera. Hélas! dans les maisons et même à l'école on ne sera pas assez chauffé...

Le petit Teodor reste encore à la maison. Il n'en est pas fâché. Quant à Genovieva, le matin elle fait ses devoirs. C'est l'après-midi qu'elle doit être à l'école, parfois jusqu à huit heures. Il fait nuit, quand elle rentre.

Genovieva se donne beaucoup de peine à l'école. La voici parmi quarante autres enfants. Cet après-midi, après le calcul et la lecture, c'est la récréation: vingt minutes que la fillette a pris l'habitude de passer sur un banc, à l'écart. Maintenant, les cours reprennent. Mais pas comme de coutume:
– Fermez vos livres! dit le maître. A tour de rôle, chacun se lève et répond à mes questions. A toi, Ghiocel. Dis-moi... As- tu déjà vu une Bible?
– Non Monsieur, répond le jeune garçon.
– Et personne ne t'a jamais parlé de cela?
– Non, Monsieur. Je ne sais pas ce que c'est!
– Bien. A toi, Rodica...
Et les mêmes demandes sont adressées à chaque enfant.
Quand vient le tour de Genovieva, elle se souvient du conseil de son papa: "Si un jour, tu dois répondre à des questions embarrassantes, dis toujours la vérité!"
– Oui, Monsieur, chez nous, on a la Bible. Mes parents m'ont souvent raconté des histoires de ce livre. J'aime bien celle de Daniel, de Joseph, et surtout celle du Seigneur Jésus...
– Assieds-toi! dit le maître visiblement contrarié. Nous en reparlerons!

Les parents de Genovieva savent que les instituteurs sont tenus de suivre certaines consignes: "Dites aux enfants que Dieu n'existe pas. Si vous avez des élèves chrétiens, donnez-leur de mauvaises notes. Humiliez-les, ridiculisez-les, punissez-les devant toute la classe. Et même s'il le mérite, ne donnez jamais un prix à un enfant de croyants!"
Et cette fin de journée est justement réservée aux résultats d'un examen! Tous les enfants attendent impatiemment d'entendre leur nom et... leur note.
– Pavel! commence le maître, c'est assez bien, mais il y avait quelques fautes. Tu peux encore faire des progrès. Tu as pourtant un huit! Carmen! très bien, à part deux petites erreurs. Dix pour toi. Bravo! Et la liste continue...
– Genovieva! dit tout à coup le maître, c'est très bien aussi. Il n'y a pas de faute. Tu as un cinq. Tu dois savoir pourquoi!
– C'est parce qu'elle est chrétienne! entend-on chuchoter dans la classe. Oui, c'est bien à cause de cela! A la sortie, tous les camarades se moquent de Genovieva. Oh! comme ça lui fait mal! Ah ! comme la fillette est pressée de rentrer à la maison pour se retrouver dans une famille unie et joyeuse!

A table, Genovieva raconte ce qui lui est arrivé...
– Je te comprends, ma chérie, dit affectueusement la maman.
– Mais ce n'est quand même pas juste, ajoute Dionisie, le frère aîné.
– Bien sûr, soupire la mère de famille. Mais nous ne sommes pas les seuls à subir de pareilles vexations. Voici ce qu'une amie m'a confié l'autre jour:
Dans notre ville, Daniel, âgé de onze ans, est aussi croyant. Un lundi, devant toute la classe le maître lui a dit: "Pourquoi n'étais-tu pas à la réunion des "Pionniers" hier matin?" Daniel a répondu: "Parce que, le dimanche matin, je vais à l'église avec mes parents!" Poussés par le maître, tous les élèves se sont mis à rire. Il a même fallu que le maître les fasse taire. Alors il s'est adressé à Daniel: "Tu crois vraiment en Dieu?... Eh bien, fais-nous une démonstration de la façon dont les chrétiens prient! Vas-y, récite-nous une prière!" a ajouté le maître en riant. Daniel a baissé la tête, il a joint ses mains, il a fermé les yeux, et s'est mis à prier:
"Seigneur Jésus! Merci parce que tu m'aimes et que tu m'as sauvé en donnant ta vie pour moi. Sauve aussi mes camarades de classe et mon maître. Amen!" L'instituteur était très embarrassé. Comme punition, Daniel a dû rester debout dans un coin.
– Comme le Daniel de la Bible, dit Genovieva, il a été fidèle à Dieu! Bravo!
– Et Dieu le bénira, j'en suis sûre! ajoute la maman. Parce qu'ils sont croyants, certains enfants sont même passés à côté du prix qu'ils méritaient à la fin de l'année scolaire. Mais ils ont sûrement gagné un autre prix. C'est Dieu qui le leur donnera. Et cette récompense, personne ne pourra la leur prendre!

Texte: Samuel Grandjean